Ère glaciaire : les premiers Américains chassaient-ils la mégafaune autrement qu’on le pensait ?
De la culture Clovis on connaît essentiellement des pointes acérées dont on présume qu’elles ont équipé des lances pour chasser les animaux préhistoriques. Mais s’attaquer à un animal gigantesque avec de simples lances, est-ce bien efficace ? Une équipe de chercheurs américains propose une autre technique de chasse, particulièrement redoutable.
On les appelle "les Clovis" : ce sont les groupes de chasseurs-cueilleurs qui vivaient sur le continent américain il y a 13.000 ans et dont on a retrouvé les premiers vestiges caractéristiques – des pointes aiguisées – près de la ville de Clovis, au Nouveau-Mexique (États-Unis). Les archéologues ont beaucoup spéculé sur la nature et la manière dont étaient utilisées ces pointes : équipaient-elles des armes, ont-elles servi pour la chasse aux animaux préhistoriques, ou s’agissait-il seulement d’outils de découpe ?
Une étude publiée dans la revue PLoS ONE par des archéologues et des anthropologues de l’université de Berkeley, en Californie, propose une alternative inspirée de pratiques de chasse à la mégafaune attestées dans l’histoire et dans de nombreuses ethnies sur plusieurs continents : les pointes Clovis auraient pu équiper des piques sur lesquelles les animaux de l’ère glaciaire seraient venus s’empaler au moment de la charge. L’idée est intéressante, mais comme le reconnaissent les auteurs, les preuves archéologiques font encore défaut pour vraiment l’étayer.
Les premiers Américains chassaient-ils la mégafaune autrement qu’on le pensait ?
Depuis leur première découverte en 1929, les pointes Clovis ont été retrouvées par milliers sur tout le continent nord-américain, certaines même à l’intérieur de squelettes de mammouths. Elles couvrent une période d’activité de quelques siècles seulement à la fin du Pléistocène, entre 11050 et 10650 avant notre ère, et correspondent au moment où les groupes humains ont été confrontés à des animaux gigantesques : mammouths, bisons, éléphants, ours, tigres à dent de sabre…
Taillées dans des roches comme le chert, le silex ou le jaspe, il s’agit de bifaces à base cannelée et aux arêtes dentelées, particulièrement tranchantes. Les archéologues américains sont fascinés par ces pointes censées "raconter" la manière dont les Clovis ont cohabité avec la mégafaune américaine, mais, malgré leur prolifération, aucun consensus n’a été [...]