"Ça va devenir compliqué" : comment la France va devoir s'adapter à la probable intensification des tempêtes

Alors que ces événements météorologiques devraient s'intensifier dans les années à venir, la réponse de l'État, mais également de tous les acteurs de la société civile, va devoir s'adapter à cette nouvelle donne.

"L'essentiel c'est qu'on apprenne de ces crises." Invité sur BFMTV cinq jours après le passage de la tempête Ciaran sur de nombreux départements français, puis de Domingos ce weekend, Maël de Calan, président du Conseil départemental du Finistère, tire un premier bilan.

Alors que de nombreux foyers de son département sont encore privés d'électricité, malgré les efforts des agents d'Enedis, les dommages sont colossaux dans de nombreuses zones.

"Ce qu'on débloque en 4 à 5 jours, il faut le faire en 24 à 48h"

Selon Maël de Calan, la réponse apportée par les autorités aux sinistrés touchés a été satisfaisante sur certains points. Il en veut pour exemple le retour à la normale sur le réseau routier du Finistère, qui avait été interdit à la circulation quelques heures après le passage de Ciaran.

"En quatre jours on avait 3 500km de routes bloquées, avec nos moyens et des colonnes de renfort, on a réussi à débloquer tout le réseau routier, on circule librement malgré le cataclysme", se réjouit-il.

Cependant, l'intensité de ces tempêtes, ainsi que leur fréquence, fait se poser de nombreuses questions à l'élu, en particulier en ce qui concerne la réactivité de l'État.

"Un tel cataclysme, jusqu'à présent, intervient à peu près tous les 30 ans; maintenant il interviendra tous les 2, 3 ou 4 ans. Ce qu'on débloque en 4 à 5 jours il faut le faire en 24 à 48h, ça va être de plus en plus dur", prévoit-il.

À cette équation, il convient, bien évidemment d'ajouter l'inconnue climatique. Si le lien entre multiplicité de ces tempêtes et dérèglement climatique ne fait pas l'objet d'un consensus scientifique, le réchauffement global est une réalité sur les départements côtiers français, y compris le Finistère.

"On se pose la question depuis des années", rappelle Maël de Calan, qui évoque déjà des "relogements" en raison de la montée des eaux et de l'érosion de la côte.

Multiplication des aides et retard des assureurs

Moins d'une semaine après le passage de Ciaran, les dégâts sont considérables. Dans le Finistère ainsi que dans de nombreux départements normands tels que le Calvados, les agriculteurs et maraîchers se retrouvent dans une situation inextricable: perdre les récoltes mais aussi attendre le passage des experts des assurances, une attente parfois longue, qui empêche de relancer leur production.

Ce cauchemar administratif décrit par Gilles Labouré, courtier en assurances normand, le décrit auprès de BFMTV. "On se retrouve actuellement au niveau de la déclaration sur un phénomène de masse, et donc, automatiquement, avec nos moyens, on est en train de prendre du retard sur les expertises", dit-il.

Là encore, l'argument écologique est mis en avant par l'assureur: "Aujourd'hui on subit une répétition des tempêtes, ce qui fait qu'on est incapable d'évaluer les coûts d'une première tempête avant qu'une deuxième arrive dans la foulée", prévient-il.

Dans des circonstances si extrêmes, France Assureurs a assuré, dans un communiqué, que les assureurs allaient étendre à 30 jours, soit jusqu'au 1er décembre 2023, la période de déclaration d'un sinistre.

En parallèle, vendredi passé, Emmanuel Macron a promis "l'état de catastrophe naturelle dans tous les endroits qui correspondent." Le déclenchement de cet état de catastrophe naturelle facilite grandement certaines procédures, notamment avec les assurances.

Dans un communiqué publié le même jour, le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a garanti que "l'État sera présent aux côtés des agriculteurs touchés par la tempête Ciaran."

Cette aide devrait effectivement comprendre "toutes les procédures de reconnaissance en calamités agricoles pour les pertes de fond, et d’indemnité de solidarité nationale pour les pertes de récolte", apprend-on.

Malgré ces aides et facilités, les agriculteurs locaux sont inquiets pour l'avenir, en particulier en ce qui concerne leur contrat d'assurance à venir. "Ça va devenir compliqué et les prix vont encore monter. On va bien voir mais ça va poser problème", conclut un maraîcher à BFMTV.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Tempêtes Ciaran et Domingos : 126 000 foyers restent privés d'électricité lundi matin