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"Ça se finit aujourd'hui": quand Maxime Blasco racontait le sauvetage de ses coéquipiers d'un crash d'hélicoptère

Le caporal-chef Maxime Blasco, du 7e bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), tué le 24 septembre 2021 au Mali - - © 2019 AFP
Le caporal-chef Maxime Blasco, du 7e bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), tué le 24 septembre 2021 au Mali - - © 2019 AFP

Le caporal-chef Maxime Blasco, du 7e bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), a été tué au combat au Mali vendredi matin. Le soldat, qualifié de "héros", a été décoré à plusieurs reprises pour ses actes de bravoure lors de missions, notamment en juin 2019, lors du sauvetage des membres de son hélicoptère.

Cette intervention, qui a marqué sa carrière militaire, Maxime Blasco l'avait racontée en juillet 2020 sur France 2, aux côtés de ses coéquipiers, dont il a contribué à sauver la vie.

"Il avait sauvé l'équipage d'une Gazelle [hélicoptère de combat, ndlr] qui avait été prise sous le feu et qui s'était écrasée. Il avait réussi à sauver les deux pilotes alors qu'il était gravement blessé (...) et qu'ils étaient entourés de terroristes", explique sur BFMTV Erwan Le Calvez, chef de corps du 7e bataillon de chasseurs alpins.

"De toute façon ça se finit aujourd'hui, c'est la fin de ma courte vie"

L'intervention se déroule dans la nuit du 13 au 14 juin, Maxime Blasco décolle à bord d'un hélicoptère Gazelle, avec deux pilotes. Ils viennent en renfort de l'armée française, qui a détecté "un regroupement de terroristes dans une zone boisée", écrit l'Armée de Terre, où des échanges de tirs durent depuis plusieurs heures. À son arrivée, Maxime Blasco "applique des tirs de neutralisation sur un groupe d’une trentaine de terroristes embusqués", mais la Gazelle est rapidement prise pour cible.

"Je commence à entendre des départs de coups, des impacts sur la machine, quelque chose de très intense", se souvient-il sur France 2. L'hélicoptère perd alors rapidement de l'altitude: "j'étais encore un peu dehors, en train de tirer et quand on commence à s'approcher du sol, je rentre bien les jambes dedans et je m'accroche au siège du chef de bord en serrant le plus fort possible, en me disant que de toute manière ce sera l'impact assuré".

Lors de la descente, il se voit mourir, et explique ressentir alors de "l'impuissance. J'ai accepté, je me suis dit que de toute façon ça se finit aujourd'hui, c'est la fin de ma courte vie".

Mais après le crash, les trois membres de l'équipage sont en vie. "La douleur a envahi mon corps, je ne me sentais pas prêt à bouger mais rapidement en voyant les flammes, j'ai compris que si je restais là, c'était fini", raconte le tireur d'élite, "surpris" d'être toujours en vie. "C'est un miracle, mais d'un autre côté, étant donné la situation tactique dans laquelle on était, je me dis que ça ne s'est pas fini au moment du crash, cela va se finir maintenant. L'ennemi n'est pas très loin".

"C'est à ce moment-là que j'ai presque eu le plus peur"

Deux autres soldats, pilotant ce jour-là un hélicoptère Tigre sur la mission, voient que Maxime Blasco et les deux pilotes sont encore en vie. Ils décident alors d'aller leur porter secours. Mais à bord de l'hélicoptère Gazelle, les blessures sont graves.

Le pilote Adrien explique avoir réussi à s'extraire de l'appareil, mais qu'une fois dehors, il comprend que ses jambes ne le portent plus, il se met alors à ramper dans le sable jusqu'au Tigre. Maxime Blasco va le trainer jusqu'au second engin, puis retourner chercher Kévin, le chef de bord. N'arrivant plus à se servir ni de ses bras, ni de ses jambes, ce dernier tourne sur lui-même dans le sable, fait des "roulés-boulés", pour s'éloigner du crash, Maxime Blasco va le ramener jusqu'au Tigre.

Mais là encore, les trois soldats ne sont pas tirés d'affaire. Ils s'arriment tant bien que mal à la paroi, se tenant à des hanses pour que l'engin puisse redécoller rapidement.

"C'est à ce moment-là que j'ai presque eu le plus peur", raconte le tireur d'élite.

"J'avais peur de décoller en étant seulement assis et en me tenant à une poignée, on est quand même sur un hélico en plein air, et là je me suis dit qu'on n'était pas encore sortis d'affaire".

Les trois hommes sont pourtant bien évacués, après cet épisode particulièrement dangereux. Blessé au dos et souffrant de multiples fractures vertébrales, Maxime Blasco est rapatrié en France le 18 juin 2019, écrit l'Armée de Terre. Ses deux coéquipiers sont également évacués, souffrant de fractures à la colonne vertébrale, dont ils guériront.

"Il a montré une force de caractère hors du commun"

Dans le document France 2, Maxime Blasco déclare s'être "toujours juré que le jour où il m'arriverait un accident en mission j'arrêterais mon travail et finalement je vois qu'en fait ce métier c'est une passion, c'est un peu une drogue". Il a par la suite été redéployé au Mali.

"Mes héros c'est l'équipage qui est venu nous récupérer, c'est un acte de bravoure extrême", déclare Adrien, et "Max, il est revenu pour me chercher".

Ce dernier refusait toutefois la qualification de héros, préférant le terme de "courage", et mettant en avant une "action collective". En récompense de "ses services exceptionnels sur le terrain" Maxime Blasco avait été décoré de la Médaille Militaire des mains du Président de la République en juin 2021.

"C'était une personnalité à la fois exceptionnelle du fait de son caractère, et aussi du fait de son physique, on ne peut pas sauver deux pilotes comme il l'a fait sans être une force de la nature", déclare Erwan Le Calvez. "Il a été une première fois héros quand il sauvé ces deux pilotes de gazelle, il a montré une force de caractère hors du commun, et malheureusement il a été héros une seconde fois en tombant au feu hier (...) Peu de personne auraient eu le cran et la force de faire tout ce qu'il a fait."

Article original publié sur BFMTV.com