À Vincennes, Édouard Philippe continue de tracer son horizon malgré la houle

Au parc floral, Édouard Philippe continue de tracer son horizon malgré la houle

L’ancien chef du gouvernement a réuni ses troupes pour la première fois ce samedi au parc floral, près du bois de Vincennes. François Bayrou et Elisabeth Borne étaient conviés à la fête.

POLITIQUE - « Ici passe le marathon. » La banderole affichée sur les grilles qui longent le Parc floral annonce le marathon de Paris. Elle pourrait aussi concerner la longue aventure politique d’Édouard Philippe, jusqu’en 2027, et son étape du jour, ce samedi 25 mars dans le Bois de Vincennes.

C’est ici, tout proche de Paris, que l’ancien chef du gouvernement d’Emmanuel Macron a installé ses pavillons et tables rondes, ses goodies et panneaux bleu foncé, pour le premier Congrès de sa jeune formation, Horizons. Signe de l’importance du moment, les principaux poids lourds de la majorité ont fait le déplacement.

Christophe Béchu, Olivier Dussopt, Marc Fesneau… Les ministres présents ont même droit à une haie d’honneur de la part des jeunes militants philippistes. Ce n’est rien toutefois, comparé à l’arrivée du maire du Havre, ovationné, avec François Bayrou et Élisabeth Borne, par quelque 3 000 personnes, dans une ferveur de campagne électorale.

La réunion du fan-club Philippiste

Que l’on ne s’y trompe pas : s’il permet une belle photo du camp présidentiel dans un contexte politique éruptif, le grand raout du jour est à l’honneur d’Édouard Philippe, de ses élus et de ses ambitions. Le tout, avec l’échéance présidentielle de 2027 dans beaucoup de têtes… Dont celles des adhérents, souvent en costume ou apprêtés dans les allées du Parc Floral.

« Fan » du maire du Havre « depuis le premier jour », Sarah, une quinquagénaire travaillant dans l’urbanisme à Paris ne tarit pas d’éloges sur son champion, celui pour qui elle a fait le déplacement. « C’est un homme d’État, de proximité, un homme très sincère qui peut parler au plus grand nombre », énumère-t-elle avant de s’engouffrer dans la grande halle qui doit accueillir les discours.

Un peu plus loin, deux jeunes étudiants venus d’Alsace dressent le même constat. « On est là pour lui » tranche Elie, quand on l’interroge sur la raison de sa présence. Son ami Antoine explique avoir été, lui, « impressionné par sa stature quand il était Premier ministre. » Et le premier d’ajouter : « c’est Philippe qu’il faut pour la suite. » De quoi justifier un aller-retour à Paris, pour écouter la bonne parole.

Très attendu, l’ancien chef du gouvernement ne quittera jamais la scène, ce samedi, comme un symbole, trustant le ring installé au cœur du pavillon central du Parc Floral. C’est lui qui introduit les différentes prises de parole, celle de François Bayrou puis celle d’Élisabeth Borne. Il les écoute assis sur un tabouret, derrière une petite table, à deux pas de la tribune, mais sur le promontoire. Ici, à n’en pas douter, c’est lui le patron. « Le président », scandent même certaines voix imprudentes, rapidement tues par la foule.

École, travail, liberté… Les Horizons de Philippe

À la tribune, Édouard Philippe dresse ses constats, sur la situation « explosive » dans le pays, étend ses analyses politiques sur la tripartition du système, ou dessine son horizon fait de valeur travail, de désir de liberté ou de défis climatiques. Sans note, très à l’aise dans l’exercice, il cite d’un côté Hugo Chavez - pour mieux attaquer Mélenchon - de l’autre Charles Peguy pour faire passer un message sur l’école, sa mère des batailles.

« Rien n’est plus important, plus urgent que ce sujet », martèle-t-il en insistant, chiffres et comparaison à l’appui, sur un « niveau qui baisse » dans les salles de classe. Pour les propositions, il faudra encore attendre. Qu’importe, l’auditoire, acquis à sa cause et à ses traits d’humour, est irrémédiablement sous le charme, en témoignent les différentes salves d’applaudissements. Les lieutenants d’Édouard Philippe affichent, eux, le sourire conquis du coup réussi.

« C’est très important de se retrouver, pour la première fois, de réunir tous ceux qui animent, qui font vivre le parti, qui attirent de nouveaux adhérents », résume au HuffPost le député Frédéric Valletoux, quand une autre cadre du parti ajoute : « Le Congrès ça permet aux adhérents de se rendre compte qu’ils font partie d’une grande famille, c’est du concret et c’est amené à prendre de l’ampleur. »

Il faut dire aussi que cette satisfaction est à mettre en parallèle avec les doutes qui ont existé jusqu’au bout sur la tenue de ce grand rendez-vous en période de « tremblements ou de fièvres », selon les mots d’Édouard Philippe. « Il y a eu de la déperdition sur la ligne » en raison des grèves notamment, confirme Frédéric Valletoux, entre deux poignées de main, sans vouloir s’avancer sur un nombre de participants sur la journée.

« Un discours de leader »

Pas simple d’obtenir ce chiffre auprès de l’entourage d’Édouard Philippe, soucieux de maîtriser le récit, celui d’une formation née d’une feuille blanche, forte désormais de ses 20 000 adhérents et de ses 350 comités locaux. Des chiffres répétés à l’envi par l’état-major, comme un passeport de crédibilité.

Président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli, tout sourire, se dit par exemple satisfait d’avoir répondu à « l’impérieuse nécessité de se retrouver pour la première fois ». « On a eu un discours de leader, de boss », ajoute Nathalie Loiseau, en accompagnant Édouard Philippe à la descente de la tribune, avant d’ajouter : « Ce n’est pas une démonstration de force… Enfin, si on montre nos muscles, on le fait vis-à-vis de la majorité pour montrer qu’on peut compter sur nous. »

Une formule qui peut faire écho à celle d’Édouard Philippe, très offensif, quand il répète que son parti ne « compte pas lâcher grand-chose », « pas renoncer. » De quoi faire passer un message aux autres composantes de la majorité, avec qui les relations pourraient « mieux fonctionner », selon son propre aveu ? C’est bien là tout l’enjeu pour le Premier ministre et son marathon : faire progressivement émerger sa ligne sans apparaître comme le diviseur en chef de la majorité.

Pour cette tâche ardue, « j’ai besoin de vous », a-t-il lâché à ses soutiens, en conclusion de son discours. Une formule aux accents présidentiels qui en dit sans doute tout autant sur l’ambition du maire du Havre. De quoi faire disparaître le « s » d’Horizons ?

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