À Turin, violente manifestation anarchiste en soutien au détenu Alfredo Cospito

Photo Alberto Gandolfo / NurPhoto via AFP

Vitrines détruites, voitures défoncées, brasier, cocktails molotov et graffitis sur les murs : si la manifestation de samedi 4 mars n’a rassemblé que quelques centaines de personnes, elle a fait d’importants dégâts dans les rues de Turin. “La police est intervenue à l’aide de gaz lacrymogène, les manifestants ont répliqué avec des jets de pétards et de bouteilles”, rapporte Il Post. D’après les autorités, deux policiers ont été blessés et 34 personnes arrêtées.

Les participants étaient venus d’Italie et d’ailleurs en Europe (Allemagne, France et Grèce notamment) pour témoigner leur soutien à la cause d’Alfredo Cospito. Condamné pour l’organisation d’un attentat qui n’a pas fait de victimes, rappelle le site d’information, ce militant anarchiste est soumis depuis mai dernier au régime dit du 41-bis, un dispositif d’incarcération ultra-strict, pensé à l’origine pour éviter que les dirigeants d’organisations criminelles ne continuent à représenter un danger pour le monde extérieur, comme les attentats mafieux des années 1990.

Guérilla urbaine

Depuis la mi-octobre, Cospito est en grève de la faim pour dénoncer ce régime carcéral. Considérablement affaibli, il a été transporté dans un hôpital, puis au service de soins intensifs d’un centre pénitentiaire de Milan où il a consenti à ingérer trois cuillères de sucre et un peu de sel par jour, rapporte La Stampa.

Le journal de Turin est vent debout contre les dégradations infligées à la ville piémontaise, lors de ce qu’il décrit comme des scènes de “guérilla” urbaine. “Le droit à manifester est consacré par la Constitution, et il est tout à fait légitime de descendre dans la rue pour dénoncer le régime 41 bis, affirme le quotidien libéral en préambule. La Cour constitutionnelle comme la Cour européenne des droits de l’homme ont critiqué ce régime spécial, qui avait été créé dans un contexte de crise aiguë et n’est justifiable que dans de très rares cas.”

“Mais la dévastation causée par la manifestation d’hier à Turin aura certainement un effet contre-productif pour le sort d’Alfredo Cospito. Car elle risque de pousser le gouvernement à refuser le chantage à la violence en maintenant l’anarchiste au 41 bis.”

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