À Toulouse, l’archevêque veut protéger la ville face à… un opéra jugé « diabolique »
TOULOUSE - À Toulouse, c’est l’histoire d’un opéra urbain qui fait trembler l’Église. Après le succès il y a six ans d’un spectacle monté par la compagnie La Machine, une deuxième édition est programmée dans la préfecture de la Haute-Garonne du 25 au 27 octobre. Dans les rues de la ville rose, pour Le Gardien du temple : la Porte des ténèbres, elle doit mettre en scène des créatures géantes imaginées par François Delarozière : Astérion le Minotaure, Ariane la Grande Araignée et Lilith la Gardienne des Ténèbres. Ce qui inquiète l’évêché.
« Je ne pars en guerre contre personne mais je trouve le thème un peu sombre avec cette porte des ténèbres, des monstres dans un monde où tout est déjà sombre et qui aurait besoin de positif », déplore auprès du Parisien l’archevêque de Toulouse Monseigneur Guy de Kerimel pour justifier les craintes du diocèse. « Les personnages troublent un peu les chrétiens puisque Lilith est un démon féminin évoqué dans la Bible, le Minotaure un personnage peu réjouissant qui se nourrit de chair humaine et peu de monde aime les araignées », ajoute-t-il.
Une messe pour conjurer les ténèbres
Résultat : l’archevêque ne veut pas se laisser vaincre et entend bien contrer la manifestation culturelle. Dans le but de conjurer les ténèbres, il célébrera ainsi une messe, le 16 octobre en l’église du Sacré-Cœur, à l’occasion du 350e anniversaire des apparitions de Jésus, de 1673 à 1675, à Sainte Marguerite-Marie.
Quand l’affiche de l’opéra avait été dévoilée cet été, c’est notamment la représentation d’une ville en feu et de Lilith, mi-femme à cornes de bouc, mi-scorpion à pattes de crabe, déjà présentée au Hellfest, qui a mis le feu aux poudres dans la communauté chrétienne locale. Des responsables de l’église toulousaine y voyaient là « une iconographie diabolique ».
À trois semaines des déambulations dans la ville, le directeur artistique de la compagnie à qui la municipalité a commandé l’événement veut pour sa part balayer la polémique. « Le spectacle aborde la mythologie grecque avec Hadès, le monde de l’ombre et des ténèbres mais il raconte aussi l’amour, la haine, le bien et le mal. L’idée n’est pas de stigmatiser une communauté, mais de réunir tout le monde dans la ville pour créer un événement heureux autour d’une fiction », défend François Delarozière dans Le Parisien. Mais pas sûr que sa parole soit d’évangile aux oreilles de Monseigneur Guy de Kerimel.
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