À Taïwan, la défense civile mise sur les galeries souterraines
Face à la pression militaire de la Chine, Taïwan a aménagé plus de 100 000 abris antiaériens sur tout son territoire pour protéger ses habitants en cas de frappes aériennes. Après les exercices militaires de grande envergure effectués par l’Armée populaire de libération [APL, l’armée chinoise] autour de l’île en août 2022, le sentiment de crise est monté d’un cran.
Nous sommes dans une galerie commerçante souterraine du quartier de Kuangwu, dans l’arrondissement de Daan, à Taipei. Le lieu, qui fourmille habituellement de clients, a désormais la fonction d’abri antiaérien. “En cas d’attaque, j’assumerai le rôle de chef de peloton de la protection civile. Nous organisons régulièrement des activités de sensibilisation pour les habitants”, indique Han Hsiu-ho, 46 ans, président de l’association de quartier de Kuangwu.
Un réseau constitué depuis les années 1970
En Ukraine, dans les villes bombardées par les Russes, les stations de métro et autres installations civiles servent également d’abris antiaériens. Taïwan, exposé à la menace militaire chinoise depuis des décennies, s’est très tôt préparé à des bombardements aériens.
Dans les années 1970, la législation relative aux normes de construction a rendu obligatoire l’aménagement d’abris dans les bâtiments publics comme les écoles, dans les infrastructures commerciales et dans les immeubles d’appartements et de bureaux de plus de six étages. Un vaste abri a notamment été construit en 1973 dans les sous-sols du cinq-étoiles The Grand Hotel de Taipei, prisé des touristes japonais.
Dans le quartier de Kuangwu, où vivent quelque 7 800 personnes, c’est la galerie commerçante souterraine la plus proche qui a été désignée comme abri antiaérien. Le 25 juillet 2022, un exercice d’évacuation a été organisé à grande échelle. À cette occasion, les habitants ont pris connaissance de l’itinéraire à suivre pour gagner l’abri et ont été formés aux gestes de protection. Des réunions avaient précédemment été organisées entre la police et l’administration locale pour assurer la coordination des services en cas d’urgence.
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