À Springfield, la rumeur sur les migrants mangeurs d’animaux pousse les autorités à renforcer la sécurité

Springfield, dans l’Ohio, est chamboulée à cause d’une rumeur sur des migrants Haïtiens qui mangeraient les animaux de compagnie. C’est faux.
LUKE SHARRETT / Getty Images via AFP Springfield, dans l’Ohio, est chamboulée à cause d’une rumeur sur des migrants Haïtiens qui mangeraient les animaux de compagnie. C’est faux.

ÉTATS-UNIS - Le quotidien de quelque 55 000 personnes bouleversé par une fausse rumeur alimentée par un ancien président des États-Unis. C’est la réalité des habitants de Springfield, dans l’Ohio, depuis que Donald Trump a affirmé mardi dernier à la télévision américaine lors du débat présidentiel contre Kamala Harris que les migrants haïtiens installés dans la ville mangeaient les animaux de compagnie.

Élections américaines : la fake news de Donald Trump sur les migrants haïtiens a des répercussions sur la ville de Springfield

L’histoire avait commencé à circuler la veille du débat et avait notamment été partagée par le colistier du républicain, J.D. Vance, ou le propriétaire de X Elon Musk. Mais lorsque le milliardaire l’a reprise à son compte, la fake news a explosé. Résultat depuis une semaine, les alertes à la bombe se multiplient dans les écoles, à la mairie, même dans les hôpitaux. Plusieurs établissements scolaires ont dû être fermés. Deux écoles ont encore été évacuées ce lundi.

Le gouverneur de l’État Mike DeWine a indiqué lors d’une conférence de presse dans la journée que pas moins de 33 alertes à la bombe avaient été comptabilisées depuis une semaine. Chacune de ses alertes était fausse. « Certaines venaient d’un pays en particulier », a-t-il précisé, sans le nommer. « Nous pensons que c’est une nouvelle opportunité pour perturber les États-Unis », a-t-il ajouté.

Les écoles surveillées, un festival annulé

Face à ces menaces qui perturbent la vie à Springfield, les autorités locales ont donc décidé de prendre de nouvelles mesures de sécurité. Mike DeWine a annoncé ce lundi que 36 state troopers (policiers d’État, habituellement dévolus aux contrôles routiers dans l’État) seraient déployés dans la ville afin de passer au peigne fin, chaque jour, les écoles.

« Les gens ont le droit de se sentir en sécurité et d’être en sécurité. Les bâtiments seront vérifiés tous les jours et les policiers resteront sur place pendant la journée. Nous voulons nous assurer que les écoles sont sûres et que les parents peuvent y envoyer leurs enfants avec confiance », a justifié Mike DeWine, selon des propos rapportés par nos confrères du Huffpost US.

La ville a également annoncé que le festival annuel des arts et de la culture de Springfield, qui devait avoir lieu fin septembre, avait dû être annulé, toujours en raison de menaces et de problèmes de sécurité. « Nous regrettons de devoir annuler cet événement adoré de notre communauté, mais la sécurité des résidents et des visiteurs sont prioritaires », a expliqué la mairie.

Les origines de la rumeur à Springfield

Comme l’explique le New York Times, la rumeur sur Springfield tient ses origines d’une prise de parole du maire datant de juillet. À la télévision, il s’est plaint de l’afflux de migrants permis par le gouvernement fédéral. J.D. Vance a repris l’information et en a profité pour critiquer la politique migratoire du président Joe Biden.

De nombreux migrants se sont en effet installés à Springfield ces dernières années, notamment depuis 2015 et l’essor économique de la ville. Le manque de main-d’œuvre a poussé de nombreuses personnes à s’installer (pour la plupart légalement) d’autant que le coût de la vie y est peu cher.

Mais pourquoi les Haïtiens sont-ils particulièrement visés aujourd’hui ? C’est encore le New York Times qui l’explique, rappelant la situation politique très instable du pays et encore plus depuis l’assassinat du président en 2021. Ils sont aujourd’hui entre 12 000 et 20 000 Haïtiens à Springfield selon différentes sources interrogées par le quotidien américain.

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