À Springfield, la fake news de Donald Trump sur les migrants fait craindre un pic de violences racistes
ÉTATS-UNIS - « Des assassins et terroristes » : Donald Trump a redoublé ses attaques contre les migrants vendredi 13 septembre, accusant sa rivale démocrate Kamala Harris de vouloir transformer les États-Unis en « camp de réfugiés », dans une campagne de plus en plus tendue pour la Maison Blanche.
Des migrants mangeurs de chats aux États-Unis : Haïti dénonce la rumeur des trumpistes
« Les enfants américains sont à la merci de criminels barbares », a lancé le candidat républicain à la présidentielle américaine lors d’une conférence de presse depuis son complexe de golf, en banlieue de Los Angeles.
L’ancien président, qui a multiplié toute la semaine les diatribes, en partie mensongères, contre les migrants, a une nouvelle fois évoqué l’affirmation fallacieuse et raciste selon laquelle des Haïtiens voleraient des chiens et des chats pour les manger dans la ville de Springfield.
Donald Trump envenime la campagne
« Nous allons organiser des expulsions massives » dans cette petite ville de l’Ohio, a promis le milliardaire républicain comme vous pouvez le voir dans notre vidéo, feignant d’ignorer que nombre de ces migrants ont un permis de séjour.
Le président américain Joe Biden a de son côté enjoint vendredi à Donald Trump de « cesser » ses attaques contre les migrants haïtiens. « Il n’y a pas de place en Amérique » pour de telles allégations, a-t-il ajouté.
La vice-présidente, en campagne dans l’État très convoité de Pennsylvanie (nord-est), n’a pas évoqué spécifiquement cette affaire.
Mais dans une rare interview télévisée, avec une chaîne locale, elle a déclaré à propos de son rival : « La plupart des Américains veulent un dirigeant qui nous rassemble, pas quelqu’un qui prétend être un dirigeant et qui essaie de nous monter les uns contre les autres. Je pense que les gens sont épuisés par cette approche. Je pense que les gens veulent un dirigeant qui a du bon sens et qui essaie de trouver un terrain d’entente. »
« La panique » à Springfield
À Springfield, les conséquences de cette accusation mensongère reprise par Donald Trump, selon laquelle des migrants ayant fui les gangs à Haïti mangeraient des animaux de compagnie n’ont pas tardé.
Dans cette petite ville majoritairement blanche du nord-est des États-Unis, plusieurs écoles et la mairie ont été évacuées cette semaine après des alertes à la bombe et les menaces se multiplient contre la communauté haïtienne. Ses membres, pour beaucoup dans une situation légale ou bénéficiant d’un statut protégé, ont désormais peur d’être victimes de violences racistes.
« La communauté haïtienne est choquée et frustrée », réagit auprès de l’agende Reuters Rose-Thamar Joseph, secrétaire du centre d’aide local à la communauté haïtienne. « Et beaucoup d’eux parlent de peut-être quitter Springfield ».
« C’est une triste réalité, qui provoque la panique », a déclaré à l’AFP le directeur d’un foyer haïtien de la ville qui a fait l’objet de menaces jeudi soir, sur lesquelles enquête la police fédérale. Et d’évoquer des insultes et des appels à « dégager », qui ont pour origine un « agenda politique » consistant à agiter l’épouvantail de l’immigration illégale.
« La menace est réelle » mais elle vient « d’une minorité » qui diffuse cette « rhétorique de haine », affirme un autre habitant qui vit à Springfield depuis quatre ans avec un statut temporaire d’immigration spécifique, lié à la situation politique et sécuritaire d’Haïti.
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