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À Saint-Denis, les rencontres de Macron avec les partis se soldent par un nouvel échec prévisible

Les rencontres de Saint-Denis, nouvel échec prévisible pour Macron (ici à Tirana en octobre)
LUDOVIC MARIN / AFP Les rencontres de Saint-Denis, nouvel échec prévisible pour Macron (ici à Tirana en octobre)

POLITIQUE - Emmanuel Macron a eu du mal à cacher son agacement face aux défections. Comme il sera difficile de masquer ce nouvel échec. Le président de la République, soucieux de donner corps à sa quête d’unité et de consensus, a organisé vendredi 17 novembre la troisième édition de ses rencontres de Saint-Denis avec les chefs de partis qui voulaient bien en être.

Résultat : huit heures de discussion dans la Maison de l’éducation de la Légion d’honneur, de nombreux « débats de qualité » comme le veut la formule… Et pas grand-chose de concret. Hormis l’annonce d’un calendrier plus précis sur l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, ces échanges ont avant tout rappelé la difficulté pour la classe politique de trouver quelconque terrain d’entente.

Une issue prévisible, sans doute. Qui plus est après le boycott du Parti socialiste, des Républicains et des Insoumis. Mais qui vient (re)mettre en lumière la tâche délicate d’Emmanuel Macron, contraint par une majorité relative à l’Assemblée nationale, et toujours à la peine pour définir le cap - sinon le récit - de son second mandat.

Pas d’élargissement du référendum…

Sur le fond, le chef de l’État a du « prendre acte », selon la formule de son entourage, de l’absence de majorité pour réviser l’article 11 de la Constitution relatif au référendum. Une possibilité qu’Emmanuel Macron avait relancé dans un discours le 4 octobre dernier à l’occasion des 65 ans du texte fondateur, et érigé depuis en point numéro un des rencontres de Saint-Denis. C’est donc raté.

« Un consensus s’est dégagé autour de la table sur le fait qu’il paraissait compliqué d’élargir la possibilité de tenir des référendums sur des sujets sociétaux, tellement les sujets sont larges et clivants », a par exemple résumé le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel à la sortie.

Il n’est plus question donc, comme l’envisageait un temps le président de la République, de permettre l’organisation de ces scrutins sur des sujets comme la fin de vie ou l’immigration. Ceci, au grand dam de la droite et de l’extrême droite pour ce qui est du dernier sujet.

« Tout ça pour ça ! », a ainsi répliqué Éric Ciotti par communiqué depuis son fief des Alpes-Maritimes, quand l’entourage présidentiel ironisait sur son absence, jugeant « difficile de porter une proposition » de référendum sur l’immigration, « de ne pas venir à la réunion durant laquelle on devait en parler et ensuite de regretter le fait que cette proposition n’ait pas pu prospérer ».

...Et la fin des rencontres de Saint-Denis ?

Parmi les autres sujets à l’ordre du jour, les différents participants n’ont pas pu s’accorder, non plus, sur l’abaissement des critères permettant d’organiser un référendum d’initiative partagée (RIP). Une refonde réclamée, ici, par la gauche.

Sur la forme, le résultat de ces nouvelles discussions dionysiennes n’est pas plus reluisant pour le président de la République. Après la Convention citoyenne dont le débouché politique a été remis en cause par les participants, le Conseil National de la Refondation à la portée réduite par l’absence de nombreuses forces vives du pays, Emmanuel Macron voit une autre de ses « initiatives d’ampleur » faire long feu.

À tel point que la suite de ces rencontres, dénaturées par le boycott d’une partie des oppositions, apparaît désormais bien floue. Cela reste un « moment politique important » s’est-on défendu malgré tout dans l’entourage d’Emmanuel Macron, dans une « période politique troublée et un moment inédit » avec la guerre en Ukraine et celle entre Israël et le Hamas.

Le chef de l’État enverra « rapidement un relevé de conclusions détaillé aux participants précisant les prochaines étapes », selon cette même source qui s’est confiée à l’AFP vendredi soir, sans plus de précisions sur une prochaine rencontre.

Se fera-t-elle à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution ? Il s’agit en tout cas de la seule annonce nouvelle à l’issue des débats vendredi. Le président a indiqué qu’un texte sera présenté le 13 décembre en Conseil des ministres, puis atterrira au Parlement au premier trimestre 2024 avant une possible réunion du Congrès en mars, où 3/5e des députés et sénateurs devront avaliser la formulation retenue. Avec une victoire en vue ?

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