À la recherche des morts que veut cacher Poutine

Photo Igor Russak / REUTERS

Jour après jour, le nombre de soldats morts au combat augmente. Sans que les autorités russes en informent systématiquement le grand public.

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, des journalistes du média d’opposition Mediazona et de la chaîne britannique BBC tentent de répertorier les décès de soldats russes en Ukraine avec l’aide de volontaires vivant en Russie, explique Der Spiegel, qui publie une série d’infographies tirées de leur base de données. Le 17 février 2023, ils avaient réussi à vérifier la mort de 14 237 soldats russes. Ce lundi 27 février, leur bilan s’élève à 15 136 morts. Ils estiment néanmoins que le nombre de décès est deux fois plus important.

“Ces chiffres nous aident à comprendre ce qui se passe réellement en Ukraine, explique la journaliste de la BBC Olga Ivchina, dans les pages du journal allemand. Par exemple, cela montre que, dans les premières semaines, la Russie a principalement employé des officiers et des membres des forces spéciales, c’est-à-dire ses meilleurs soldats.” Depuis, le profil des combattants a beaucoup évolué : les décès concernent désormais principalement des conscrits, des volontaires et des membres du Groupe Wagner.

Beaucoup venaient de régions pauvres

Les données analysées montrent aussi l’importance des disparités sociales entre les combattants russes. Parmi les militaires décédés, beaucoup venaient de régions pauvres, où “l’armée est souvent le seul moyen, pour les jeunes hommes, de subvenir aux besoins de leur famille”. À titre d’exemple, plus de 1 800 personnes mortes aux combats venaient de Bouriatie, de Bachkirie, du Daghestan et de Sverdlovsk. À l’inverse, seuls 92 combattants originaires de Moscou ont été répertoriés, alors que la capitale russe abrite autant d’habitants que ces quatre territoires réunis.

Der Spiegel précise que le nombre de morts répertoriés par Mediazona et la BBC dépend grandement de l’engagement de leurs informateurs russes. Ces derniers font des recherches dans les cimetières, les archives et sur Internet, avant de faire remonter les informations aux journalistes. À Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, un groupe très actif a ainsi mis en lumière un cimetière de mercenaires du Groupe Wagner jusqu’ici inconnu. “Notre objectif est de montrer aux gens que la guerre fait des morts, assure Vitaly Votanovski, le bénévole à l’origine de cette révélation. Et pas dans des localités lointaines ou à la télévision, mais ici, chez nous.”

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