À la Protection judiciaire de la jeunesse, un « traumatisme » après le non-renouvellement de postes

JUSTICE - « Notre gouvernement prône une politique sécuritaire et retire des moyens. » Le personnel de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) s’est rassemblé devant plusieurs tribunaux en France ce jeudi 29 août, à l’occasion d’une nouvelle journée de grève à l’appel de l’intersyndicale, qui dénonce « un plan social irresponsable et inacceptable », le tout dans un contexte où le gouvernement promet pourtant de s’attaquer sérieusement à la délinquance des mineurs.

Les agents de la PJJ, qui dénoncent le non-renouvellement, dès le 1er septembre, de nombreux postes de contractuels, avaient déjà fait grève le 14 août. « Nous devons continuer à nous opposer au plan social », a estimé l’intersyndicale (SNPES-FSU, Unsa, CFDT et CGT) dans un communiqué.

« Même si l’administration refuse toujours de chiffrer précisément le nombre de contractuels qui seront concernés par les non-renouvellements (...), nous estimons que cela concernera en moyenne 50 collègues par région. Ce qui pourrait représenter 500 professionnels et professionnelles sous contrat », a précisé l’intersyndicale.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo en tête d’article, Le HuffPost a suivi cette mobilisation sur le terrain, devant le tribunal judiciaire de Paris. À notre micro, plusieurs éducateurs et représentants syndicaux expriment leur colère face au manque d’effectifs, qui pourrait avoir des répercussions sur le suivi de nombreux jeunes.

Un dégel de fonds en urgence

La PJJ emploie au total 9 763 personnes, dont 2 273 contractuels, selon des chiffres de 2023 du ministère de la Justice. Les éducateurs de la PJJ suivent près de 137 000 enfants et adolescents, des mineurs délinquants le plus souvent en grandes difficultés.

Le 31 juillet, le ministère de la Justice a annoncé un dégel de 3 millions d’euros. « Ce déblocage permettra à la PJJ de solutionner en grande partie les difficultés de renouvellement de contrats auxquelles elle est confrontée », a assuré le ministère.

Mais selon les syndicats, la direction de la PJJ ne veut pas utiliser cette somme pour « financer les salaires des contractuels qui avaient obtenu une promesse d’embauche » et « assume de se plier au régime drastique imposé par Bercy, au détriment des missions du service public » de la PJJ.

Le garde des Sceaux démissionnaire, Éric Dupond-Moretti, a demandé de son côté « un état des lieux précis » et confié une mission d’évaluation à l’inspection générale de la justice (IGJ) sur le pilotage des effectifs de contractuels et de la masse salariale à la PJJ. Un rapport intermédiaire de cette mission sera remis au ministre fin août et sera partagé avec les organisations syndicales, a indiqué le ministère.

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