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À Paris, les agriculteurs manifestent contre les restrictions sur les pesticides

Farmers called by the National Federation of Agricultural Holders' Unions ('Federation nationale des syndicats d'exploitants agricoles' - FDSEA) demonstrate in their tractors with a banner reading

Une « opération escargot » a été lancée dans la capitale à l’appel de la FNSEA, une première depuis trois ans.

AGRICULTURE - Des centaines de tracteurs dans les rues de Paris. Pour la première fois depuis trois ans, un mouvement de protestation des agriculteurs est attendu dans la capitale ce mardi 8 février pour manifester contre les « contraintes » pesant sur l’agriculture et en particulier les restrictions d’usage des pesticides. « Près de 500 tracteurs » et « plus de 2 000 paysans » ont été annoncés par le premier syndicat agricole, la FNSEA.

Déclencheur de la mobilisation : la décision du gouvernement le 23 janvier de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière. Cette dernière à la suite d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne estimant illégale toute dérogation.

Mais les doléances se multiplient : ces derniers mois, les agriculteurs se sont rassemblés par petits groupes à travers le pays, ici pour dénoncer la hausse de leurs coûts de production du fait de la flambée des prix de l’énergie, là pour réclamer de stocker de l’eau pour irriguer leurs cultures.

Une circulation très fortement perturbée

Leur dernière grosse mobilisation remonte au 27 novembre 2019, quand un millier de tracteurs avaient mené des opérations escargot sur le périphérique. Les manifestants dénonçaient, déjà, un durcissement des règles concernant l’épandage de pesticides de synthèse avec la création de zones de non-traitement (ZNT), des bandes de quelques mètres à proximité des habitations où il est interdit de recourir à ces substances.

« La circulation, très fortement perturbée dans un large périmètre, du boulevard périphérique aux septième et quinzième arrondissements parisiens, sera rétablie progressivement » dans la journée, a prévenu mardi la préfecture de police de Paris. « Il est vivement recommandé aux automobilistes de contourner largement le secteur pendant toute la durée de l’évènement ».

Le départ du cortège est fixé à 08 h 00 Porte de Versailles, dans le sud de Paris, où se tiendra dans moins d’un mois le Salon international de l’agriculture. Juchés sur leurs tracteurs ou groupés dans des autocars, les agriculteurs chemineront ensuite jusqu’à l’esplanade des Invalides, dans le centre. La dispersion est prévue en début d’après-midi, via un quai bordant la Seine.

« À ce rythme-là l’agriculture va disparaître »

Les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles et interdits depuis 2018, bénéficiaient d’une dérogation depuis deux ans. Ce qui permettait de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves pour les prémunir de la jaunisse, une maladie virale propagée par des pucerons. « Comme utilisateur de néonicotinoïdes, je n’ai pas l’impression d’empoisonner le monde », s’agace le cultivateur et militant syndical Damien Greffin.

Il préside la section FNSEA du Grand Bassin parisien qui rassemble 12 départements céréaliers du nord de la France et est à l’initiative de la manifestation, avec le syndicat des planteurs de betteraves CGB, aussi affilié à la FNSEA. Cette dernière leur a emboîté le pas en appelant « à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu’au 20 février dans toute la France ».

Pour Damien Greffin, « à ce rythme-là l’agriculture va disparaître ». L’agriculteur de l’Essonne cite en exemples l’interdiction de l’insecticide phosmet qui « compromet » la culture de cerises, ou celle, prochaine, d’un désherbant pour les endives. Plus largement, selon la FNSEA, « les agriculteurs se retrouvent aujourd’hui en butte à des contraintes réglementaires de tous ordres qui freinent les projets innovants dans les territoires (irrigation, bâtiments d’élevages…) »

Un refus de « toute avancée écologique »

« Ils sont aujourd’hui confrontés à des impasses de solutions face à des menaces sanitaires sur les cultures ou face à la prédation », reproche aussi l’organisation, dans un communiqué, en référence aux interdictions de pesticides et aux attaques du loup sur les troupeaux.

Deuxième syndicat représentatif, la Coordination rurale a affirmé dans un tweet avoir proposé à la FNSEA Grand bassin parisien de se joindre à la manifestation et essuyé un refus.

Quant à la Confédération paysanne, troisième syndicat qui se mobilisait mardi contre la réforme des retraites, elle a déploré dans un communiqué que « d’autres » manifestent « pour continuer à utiliser des néonicotinoïdes et refuser toute avancée écologique ». « L’ambition de progrès social fait face ici aux positions les plus réactionnaires et conservatrices », a estimé l’organisation classée à gauche.

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