À Nîmes, un journaliste de M6 agressé pendant un tournage
MÉDIAS - Un journaliste de M6, Jérôme Régali, a été agressé ce mardi 6 juin dans un quartier paupérisé de Nîmes, au lendemain de l’annonce de la fermeture d’une médiathèque municipale investie par des trafiquants de drogue, a appris l’AFP de sources policière, judiciaire et préfectorale.
Alors qu’il venait d’arriver en fin de matinée à Pissevin, un quartier dit de « reconquête républicaine » aux nombreuses barres d’immeubles de la périphérie de Nîmes, le journaliste reporter d’image (JRI) a été frappé par deux hommes, qui ont pris la fuite, a indiqué une source policière. « Il souffre de nombreux coups et de multiples ecchymoses. Les médecins attendent le résultat des radios », a réagi après l’avoir contacté le Club de la presse Occitanie, en dénonçant une « scandaleuse atteinte à la liberté d’informer ».
Selon la Société des journalistes (SDJ) de M6, Jérôme Régali était en train de filmer un reportage pour les journaux télévisés de 12 h 45 et de 19 h 45. « Il a finalement été secouru par une patrouille de police et s’en sort “bien” », a-t-elle précisé dans un tweet. Dans un communiqué, le groupe M6 a pour sa part « fermement dénoncé » les violences dont a été victime son journaliste, qui « va mieux mais reste sous le choc de son agression. »
L’un de nos collègues a été agressé à plusieurs reprises ce matin alors qu’il tournait un sujet sur une médiathèque squattée par des dealers à #Nîmes pour le #12h45 et #19h45. Il a finalement été secouru par une patrouille de police et s’en sort “bien”. 1/2 @m6info
— SDJ_M6 (@sdj_m6) Voir le tweet
Une compagnie de CRS envoyée sur place
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a également condamné « fermement l’agression » du journaliste, à qui il a apporté son soutien depuis son compte Twitter. Il a annoncé qu’une compagnie de CRS avait été envoyée en renfort afin « de garantir la paix publique ».
Je condamne fermement l’agression d’un journaliste de @M6Groupe survenue ce jour à Nîmes dans le cadre de son travail. Je lui apporte tout mon soutien. Sur mon instruction, une compagnie de CRS sera envoyée en renfort dans les prochaines heures afin de garantir la paix publique. https://t.co/WWBORvPQEB
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) Voir le tweet
Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, avait annoncé lundi avoir pris la « terrible décision » de fermer jusqu’à nouvel ordre la médiathèque Marc Bernard, l’un des derniers services publics de Pissevin. « Depuis décembre dernier, des dealers exercent une pression de plus en plus forte sur le quartier avec l’instauration de “barricades/checkpoints” pour encadrer leur commerce illicite. Ainsi, depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d’agressions verbales au vu et au su de tous », avait-il détaillé dans un communiqué.
« Aujourd’hui, ils font même l’objet de contrôles et de palpations en pleine rue avant d’accéder à leur poste de travail. Un nouveau palier a été franchi puisque les trafiquants ont pénétré dans le bâtiment, allant jusqu’à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l’arrivée des forces de police », s’est également offusqué le maire, en réclamant « l’affectation de façon quasi-permanente d’une Unité de Force Mobile » à Pissevin.
Une enquête de flagrance ouverte
La procureure de Nîmes, Cécile Gensac, a annoncé avoir ouvert mardi une « enquête préliminaire » sur les faits concernant la médiathèque et une « enquête de flagrance » pour ceux dont a été victime le journaliste de M6. Elle a souligné que, depuis un an, « 138 jugements concernant 66 auteurs ont été rendus » en matière de stupéfiant à Nîmes, « soit une hausse de 253,7 % des décisions de condamnations pénales ».
La préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, a pour sa part annoncé une « intensification » de la présence de la police nationale, en lien avec la police municipale et en coordination avec la procureure, avec « une montée en puissance dans la perspective de la réouverture prochaine de la médiathèque ». Selon la préfète, ces violences « interviennent dans un contexte de guerre de territoire » et « se développent en réaction aux opérations de police et au démarrage des ambitieux travaux de renouvellement urbain » dans le quartier.
Pissevin, tout comme les quartiers du Chemin Bas et du Mas de Mingue, ont été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l’exode rural, des rapatriés d’Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants avec un taux de pauvreté atteignant jusqu’à 70 % et un chômage massif.
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