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À Moscou, la guerre invisible est devenue impossible à cacher

Jusqu’à cette semaine, pour la plupart des Moscovites, la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine était presque invisible.

Dès le mois d’avril dans la capitale russe, les grands “Z” symboles de la guerre avaient disparu des stores et des vitrines où ils avaient été peints, et même des voitures de particuliers.

Aux McDonald’s et aux Starbucks fermés avaient succédé des répliques à la russe, très ressemblantes. Restaurants, cafés, boîtes de nuit tournaient à plein régime.

Après une courte période de frénésie de stockage, au début de la guerre, les rayons des supermarchés étaient de nouveau remplis (y compris de produits d’importation contournant les sanctions) et le cours du rouble avait renoué avec les sommets. Partout dans Moscou avaient lieu toutes les festivités habituelles, et à l’exception d’une poignée de spectacles jugés “antipatriotiques” par une nouvelle commission ad hoc à la Douma, les théâtres faisaient eux aussi salle comble.

“Moscou est un royaume enchanté où tout est absolument, totalement normal, et où rien de mauvais ne se passe nulle part”, plaisantait un producteur de théâtre en vue. “Elle est tout sauf la capitale d’un pays livrant la pire guerre du XXIe siècle.”

La guerre a pris un tour personnel

Mercredi 21 septembre, l’illusion est partie en fumée, dissipée brutalement par le discours guerrier de Poutine annonçant la mobilisation partielle. Pour des millions de Russes qui s’entêtaient à ignorer le conflit, la guerre en Ukraine, d’inexistante ou presque, est devenue tout à coup urgente, et elle a pris un tour personnel.

Si Poutine et son ministre de la Défense Sergueï Choïgou ont pris le plus grand soin de répéter que la convocation des réservistes (dont le chiffre s’élèverait finalement à un million contre 300 000 d’abord) ne concernait que les “personnes dotées d’une expérience militaire”, et que “les étudiants n’avaient aucune raison de s’inquiéter”, la mobilisation soudaine d’hommes pour la plupart peu disposés à partir au combat est arrivée, comme on dit en russe, tel un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage.

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