À Metz, Renaissance célèbre ses valeurs, temporise sur son organisation

C'est au Centre des Congrès Robert-Schuman, parti pro-européen oblige, que la mouvance présidentielle a tenu son premier rendez-vous après la longue séquence électorale qui a valu à Emmanuel Macron une reconduction à l'Élysée. - Jean-Christophe Verhaegen / AFP
C'est au Centre des Congrès Robert-Schuman, parti pro-européen oblige, que la mouvance présidentielle a tenu son premier rendez-vous après la longue séquence électorale qui a valu à Emmanuel Macron une reconduction à l'Élysée. - Jean-Christophe Verhaegen / AFP

Le "dépassement" politique d'abord, la structure ensuite: réunis ce samedi à Metz, les cadres du futur parti présidentiel Renaissance ont réaffirmé leurs valeurs communes, remisant à plus tard les questions d'organisation, avec l'idée de confédération évoquée par l'aile gauche Territoires de Progrès.

C'est au Centre des Congrès Robert-Schuman, parti pro-européen oblige, que la mouvance présidentielle a tenu son premier rendez-vous après la longue séquence électorale qui a valu à Emmanuel Macron une reconduction à l'Élysée, mais la perte de la majorité absolue à l'Assemblée.

Les quelques centaines de cadres présents ont planché sur les "valeurs communes" de Renaissance, qui rassemblent La République en marche, le parti de l'aile droite Agir du ministre Franck Riester et, sur l'aile gauche, Territoires de Progrès du ministre Olivier Dussopt.

"Bâtissons notre maison du dépassement! Bâtissons cette maison commune avec tous ceux qui veulent agir au service des Français, au service de notre pays, au service de l'Europe", a conclu Élisabeth Borne.

Le "dépassement", cette doctrine du macronisme "et de droite et de gauche", selon les mots du fondateur, restera le leitmotiv de Renaissance. Le remettre en cause serait "la perte de nos propres repères", a averti la Première ministre.

Et "au delà de Renaissance, de Territoires de Progrès et d'Agir, il y a 'Ensemble', avec le MoDem, avec Horizons", a rappelé la Première ministre, en référence aux partis alliés mais autonomes de François Bayrou et d'Édouard Philippe, absents à Metz.

Les présents, dont les ministres Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune, et les grands battus des législatives Richard Ferrand et Christophe Castaner ont peaufiné leur "table des valeurs" rassemblées en douze "principes fondateurs": République, Europe, liberté, laïcité, égalité des chances, progrès, écologie, travail, féminisme, nation, autorité de l'État, initiative des territoires.

Également au programme: les questions d'organisation. Une plus grande décentralisation, point faible des cinq dernières années, et l'instauration d'une cotisation payante font consensus dans un parti forgé sur une adhésion gratuite.

Fusion ou "confédération" ?

"Militants, sympathisants... On est incapables de dire combien on est. On revendique 400.000 adhérents et j'ai lu hier que les militants actifs ne seraient plus que 5000", a résumé, lors d'un atelier, le référent En Marche du Cantal Gilles Desplaces.

Reste la question de la structuration entre les trois partis membres, et c'est là que la donne se complique. Faut-il une fusion? "Emmanuel Macron veut un parti unique, c'est la feuille de route de Stéphane Séjourné", successeur tout désigné du délégué général de LaREM Stanislas Guerini, selon un participant.

Plutôt une "confédération", comme l'a évoqué Olivier Dussopt, avec des partis conservant leur existence autonome? Lors des conclusions, cette hypothèse a recueilli les huées d'une partie de la salle. Une structure confédérale serait "un premier pas vers un travail plus unitaire, avec des partis qui restent indépendants", même si "un parti unique, ça peut être le but", a déclaré Eduardo Rihan Cypel, porte-parole de TDP.

LaREM ne semblait pas vouloir traîner, avec un vote des adhérents annoncé mi-septembre. Mais l'atterrissage avec les deux partis alliés devrait prendre plus de temps, possiblement jusqu'aux élections européennes de 2024, selon un dirigeant.

Pas de "caporalisation mortifère", de "centralisme exacerbé" ni d'"effacement des sensibilités", a tenté de rassurer Stéphane Séjourné. Le chef de file des eurodéputés macronistes a rappelé sa volonté d'instaurer une "direction collégiale" comprenant de "grandes figures de la majorité". Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont déjà fait connaître leur intérêt.

Le tout pour affronter le contexte politique exacerbé, les incertitudes liées à l'absence de majorité, la forte de poussée du Rassemblement national à l'Assemblée. Renaissance devra "aller à la reconquête des classes populaires et des Français qui doutent et pourraient être tentés par les extrêmes", a expliqué Stéphane Séjourné.

"Je n'ai pas envie qu'on soit les prochains Obama, c'est-à-dire une réélection, une capacité à faire les choses, mais finalement laisser le pays aux mains de quelqu'un ou d'un groupe politique qui peut les abîmer", a averti la députée Astrid Panosyan-Bouvet.

Article original publié sur BFMTV.com