À Mayotte, après le cyclone Chido, « beaucoup d’entre nous ont tout perdu » déplore le préfet
OUTRE-MER - À ce stade, dresser un bilan définitif qu’il soit humain ou matériel est trop prématuré. Mais une chose est certaine ce samedi 14 décembre : « la situation est catastrophique » après le passage du cyclone Chido et ses vents terribles qui ont dévasté l’archipel français de l’océan Indien. Deux personnes ont perdu la vie à Petite-Terre, la petite île à l’est de Mamoudzou.
« Notre île est en ce moment même touchée par le cyclone le plus violent et destructeur que nous ayons connu depuis 1934. Beaucoup d’entre nous avons tout perdu », a déploré le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Si le niveau d’alerte a été abaissé de violet à rouge, « le cyclone n’est pas terminé ». Il a appelé la population à rester « confinée » et « solidaire » dans « cette épreuve ».
L’oeil du cyclone tropical intense est passé sur le nord et nord-ouest de Grande-Terre en fin de matinée, avec des rafales observées qui ont atteint au moins 226 km/h à l’aéroport de Pamandzi, fermé, selon le dernier bulletin de Météo-France. Il s’est éloigné à l’ouest de Mayotte, annonçant une accalmie en fin d’après-midi.
Le cyclone intense #Chido a frappé Mayotte de plein fouet. Les rafales observées sur l’ensemble du territoire ont dépassé les 200 km/h. Il s’agit d’un cyclone d’une ampleur inédite pour Mayotte depuis plus de 90 ans.
🔴Mayotte en alerte rouge cyclonique @Prefet976 pic.twitter.com/TrigsQIP9J— Météo-France (@meteofrance) December 14, 2024
« Des dispositions pour prévenir les pillages »
Depuis Paris, le nouveau Premier ministre et les membres du gouvernement démissionnaire suivent la situation avec inquiétude. François Bayrou se « tient informé heure par heure » et il a « appeler la population à la plus grande prudence ».
L’île de Mayotte est durement touchée par le cyclone Chido, d’une gravité exceptionnelle. Dès hier avec le ministre de l’Intérieur, nous avons fait un point sur les risques et la mobilisation des services de l’État.
Depuis, je me tiens informé heure par heure.— François Bayrou (@bayrou) December 14, 2024
Il participera ce samedi à partir de 19h à une réunion interministérielle de crise qu’il a convoquée avec Bruno Retailleau.
Réunion de crise sous l’autorité du Premier ministre au Centre Interministériel de Crise du Ministère de l’Intérieur. L’État est pleinement mobilisé face à l’épreuve tragique que traversent les habitants de Mayotte. pic.twitter.com/UT1jFBhl2s
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) December 14, 2024
« Les dégâts semblent déjà très importants », a lui écrit le ministre de l’Intérieur démissionnaire, qui a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers, portant à 250 les personnels dépêchés sur place. Son entourage a précisé être et a dit prendre « des dispositions d’ordre public pour prévenir les pillages ». Plus de 15.000 foyers sont privés d’électricité, a tweeté sa collègue chargée de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
Une situation « atroce » qui fait craindre « le pire »
L’archipel avait été placé en alerte cyclonique violette à 05h00 locales (03h00 à Paris), impliquant « un confinement strict de l’ensemble de la population », selon la préfecture. L’abaissement au niveau rouge permet de nouveau aux secours de sortir. « Il n’y a pas de réseau, on n’arrive pas à entrer en contact avec les gens qui sont sur l’île », s’est alarmé sur BFMTV le président du syndicat national des sapeurs pompiers professionnels de Mayotte, Abdoul Karim Ahmed Allaoui.
« Même les bâtiments construits aux normes sismiques n’ont pas su résister. Le Codis (centre opérationnel d’incendie et de secours) a été évacué et fonctionne en mode dégradé », a-t-il témoigné.
Réfugié dans sa baignoire, Pierre, un habitant de Mamoudzou, à fait part à l’AFP d’une situation « atroce ». Depuis l’Hôtel de ville de Ouangani, le maire Youssouf Ambdi a dit craindre « le pire ». « Prions pour qu’il n’y ait pas de victimes », a-t-il témoigné auprès de l’AFP.
Ibrahim Mcolo, un habitant de Chiconi dans l’ouest de Grande-Terre, est allé se réfugier dans la maison en béton de sa famille à Kangani, dans le nord de l’île. « Je vois toutes les tôles des voisins s’envoler, des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Il n’y a plus d’électricité. Même dans notre maison qui est bien protégée, l’eau rentre. Je la sens trembler ».
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