À Marseille, Lyon ou Bastia, des préavis de grève déposés contre la vaccination obligatoire des soignants

Une unité Covid à l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 15 avril 2020. - CHRISTOPHE SIMON / AFP
Une unité Covid à l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 15 avril 2020. - CHRISTOPHE SIMON / AFP

Lyon, Bastia et désormais Marseille. Dans plusieurs villes françaises, des soignants se mobilisent contre l'obligation vaccinale contre le Covid-19 qui sera bientôt en vigueur pour leurs corps de métier. Cette nouvelle règle entrera en vigueur avec la promulgation du nouveau projet de loi relatif à la gestion de crise sanitaire, qui consacre aussi l'extension du pass sanitaire à de nombreux lieux de la vie quotidienne.

À partir du 15 septembre prochain, selon le projet de loi qui a été voté au Parlement et se trouve actuellement entre les mains du Conseil constitutionnel, les soignants devront être pleinement vaccinés pour exercer.

Dans plusieurs hôpitaux, en surplomb des manifestations contre la gestion de crise sanitaire qui ont eu lieu ces derniers samedis, des mouvements sociaux s'amorcent, de manière éparse pour l'heure, sans mot d'ordre national.

Mal-être de certains soignants

C'est notamment le cas à Marseille, où Sud Santé et la CGT ont chacun déposé un préavis de grève illimitée à l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et à l'hôpital Édouard-Toulouse, qui réunissent quelque 14.000 salariés. Les grévistes réclament le retrait de l'obligation mais aussi l'abandon des sanctions qui en découleront.

Au micro de BFMTV, Yasmina Messaoudi, aide-soignante à l'hôpital Nord et secrétaire générale de Sud Santé, fait part de son sentiment de mal-être et évoque comment la vaccination obligatoire a allumé la mèche.

"On est épuisés et il n'y a rien qui a changé, du matériel qui ne fonctionne pas, des lits cassés, des tablettes cassées", se désole-t-elle. "Au début, ça ne dérangeait personne, on n'était pas vaccinés, on travaillait avec des gens qui avaient le Covid (...). Maintenant ça dérange tout le monde. À 53 ans, je suis libre de choisir ce que je veux faire. On a un devoir, on a des droits aussi", soutient-elle.

Pour Guillaume Algrin, secrétaire général du syndicat CGT Hôpitaux Sud de Marseille, la mesure est contre-productive:

"Sachant qu'on n'a pas d'effectifs, quand on va commencer à laisser les agents à l'entrée de l'hôpital, (...) en termes de conséquences ça va être terrible. Alors qu'on sera en pleine quatrième vague et qu'on manque d'effectifs déjà, on va sanctionner des agents, les laisser à la maison", regrette-t-il.

"Ils se sentent lésés, dupés. Ça affaiblit le moral. C'est comme un guerrier, quand vous l'envoyez sur un théâtre de guerre, qu'il n'a pas le moral, forcément on perd la guerre. Et la guerre du Covid, elle n'est pas finie, loin d'être finie", abonde Kader Benayed, secrétaire général de Sud Santé dans les Bouches-du-Rhône.

Des rassemblements sont prévus le 5 août, date à laquelle le Conseil constitutionnel se prononcera sur la constitutionnalité du projet de loi.

"Ça stigmatise, ça pénalise"

À Lyon, le syndicat Sud Santé avait aussi déposé un préavis de grève illimitée à partir de jeudi dernier, le 29 août. Entre plusieurs griefs, l'organisation demandait l'abandon des sanctions contre les soignants non-vaccinés.

"Ça stigmatise, ça pénalise, ça punit les hospitaliers qui pendant plus d'un an et demi ont travaillé d'arrache-pied pour lutter contre cette pandémie", fustigeait la semaine passée Chaïbia Khaif-Janssen, secrétaire de Sud Santé Sociaux Hôpital Édouard-Herriot, sur BFM Lyon.

Ce samedi, une centaine de soignants ont d'ailleurs manifesté devant l'hôpital lyonnais et certains se sont joints au cortège contre le pass sanitaire qui défilait dans la capitale des Gaules.

La vaccination des soignants en hausse

À Bastia, la CGT du centre hospitalier de la commune de Haute-Corse a également déposé vendredi un préavis de grève illimitée, là aussi notamment dirigé à l'encontre de l'obligation vaccinale contre le Covid-19.

"On est en train de stigmatiser les personnels de santé. On les présente comme les principaux vecteurs de la contamination et on oublie que, pendant la première vague, ils ont travaillé sans protection, avec les risques que cela comporte, pour soigner la population", arguait Séverine Mason, secrétaire de la CGT de l'hôpital corse auprès de Corse-Matin. La représentante syndicale plaide pour "qu'on les laisse libres de choisir".

D'après le quotidien régional, une centaine de personnes se sont réunies vendredi à Bastia devant les locaux de l'Agence régionale de santé (ARS).

Selon Santé Publique France, au 29 juillet, 62,4% des soignants exerçant en Ehpad et en unité de soin longue durée (USLD) étaient pleinement vaccinés, et 73,5% avaient reçu au moins une dose de sérum. Des chiffres qui dépassent désormais ceux de la population générale: dimanche, selon la Direction générale de la santé (DGS), 63,2% de la population totale avait reçu au moins une injection, et 52,6% présentait un schéma vaccinal complet.

Article original publié sur BFMTV.com