À Lyon, une soignante dénonce sa "mise à l’écart" pour avoir signalé un questionnaire sexuel au sein de l’hôpital

Cette affaire de "harcèlement sexuel" a été remontée à la direction. Un syndicat dénonce un climat toxique imposé par un petit groupe de soignants.

FAITS DIVERS - L’heure n’est plus à la fête au sein des équipes de l’hôpital Édouard-Herriot de Lyon. L’établissement de santé est plongé depuis vendredi 19 janvier dans une drôle de controverse. En cause ? Le signalement d’un questionnaire informel et particulièrement grivois qui circulait depuis début décembre au sein du personnel soignant.

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Une situation intenable pour une agent du service concerné, qui a alors dénoncé l’existence de ce quiz portant sur les pratiques sexuelles des soignants. Mais depuis qu’elle a signalé le contenu de ce document à un syndicat, la soignante explique avoir été « mise à l’écart » et même prise à partie par certains de ses collègues, qui continuent de défendre ce projet… au nom du bien-être du personnel.

Auprès de BFM Lyon, qui a dévoilé l’affaire, elle raconte son quotidien depuis son signalement : « Je suis très angoissée. Mon devenir est flou et je suis mise à l’écart. Je ne suis pas la bienvenue puisque la plupart des collèges sont contre moi ».

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Elle a depuis été arrêtée pour raison de santé. « C’est un environnement de travail toxique, où il n’y a pas de respect, ni de limite », a-t-elle également confié.

« Il lui aurait été reproché son refus de signer une sculpture en plâtre en forme de pénis déposée par un aide-soignant du service ainsi que son alerte quant au questionnaire précité », indique par ailleurs la direction de l’hôpital lyonnais dans un mail de réponse à la représentante syndicale informée initialement par la soignante.

"Un petit groupe d’agent fait ce qu’il veut"

Mais depuis le signalement réalisé auprès du syndicat FA-FPH (Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière) et transmis à la direction des Hospices Civils de Lyon le 20 décembre, une bonne partie du service semble plutôt défendre l’existence de ce questionnaire problématique.

Si les Hospices Civils de Lyon disent prendre l’affaire « très au sérieux », ce n’est pas le cas d’un des agents à l’origine du questionnaire qui s’est expliqué sur les origines de cette étrange démarche en milieu hospitalier. Dans un courrier envoyé à la direction et consulté par BFMTV, il explique que le document avait pour but de « détendre l’atmosphère » et ainsi permettre aux soignants de « décompresser ».

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Le questionnaire, qui comporte des questions comme « aimez-vous recevoir un doigt dans l’anus » ou « pratiquez-vous des fellations ? » ne serait donc qu’une compilation de « blagues à connotation sexuelles pour que certains soufflent » selon ses propos.

Pire encore, il dénonce le signalement qui, selon lui, met « le feu à une équipe qui vit quotidiennement dans la souffrance humaine en accompagnant patient et famille ». Les « blagues sur les blondes, les roux… N’en déplaise à certains, c’est l’ambiance quotidienne de ce service qui tient le coup grâce à l’humour », justifie également l’agent du service de réanimation.

Chaïba Khaif-Janssen, du syndicat FA-FPH, dénonce quant à elle ce climat incohérent avec un environnement professionnel. La secrétaire syndicale signale au passage que « les affiches pour lutter contre le harcèlement sexuel et les violences sexistes ont été enlevées depuis un an, par des agents, qui seraient les mêmes auteurs de ce type d’enquête ». Au sein du service réanimation de l’hôpital, « un petit groupe d’agent fait ce qu’il veut », assure-t-elle encore.

À ce jour, une enquête administrative a été ouverte par la Direction des ressources humaines après une déclaration d’accident de service. La direction de l’hôpital confirme également que la soignante « mise à l’écart » par ses collègues a reçu des formulaires de « protection fonctionnelle », dans le cadre l’instruction en cours.

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