Oui à l'avortement, mais a minima

Le gouvernement du Premier ministre Enda Kenny (issu du Fine Gael, parti de centre-droit, au pouvoir depuis mars 2011) a fait voter jeudi 11 juillet à minuit une loi autorisant l’avortement uniquement si la vie
de la mère est mise en danger par sa grossesse, et notamment si elle menace de se suicider. La loi a été votée à 127 voix contre 31, après des discussions enflammées sur 165 amendements.

Dans ce pays très catholique,
rappelle Lise Hand, du Irish Independent, le débat sur l’avortement “est un combat parlementaire à couteaux tirés, qui a commencé en 1992”, date d’un arrêt de la Cour Suprême que reprend l’actuel projet de loi.

Parmi les cinq députés du Fine Gael ayant voté contre le projet, la ministre aux Affaires européennes, Lucinda Creighton, a fait un discours remarqué, s’insurgeant contre le fait que le projet allait “ouvrir la boîte de Pandore des abus potentiels”, en faisant de la menace de suicide un outil de revendication. Un discours qui l’a forcée à démissionner après le vote, et qui lui coûte une
carrière “pourtant prometteuse”, selon Irish Independent.

A l’opposé de l’ex-ministre, Dearbhail McDonald, du Irish Independent, s’indigne de ce que des questions cruciales aient été évacuées du débat, comme celle de légaliser “l’avortement en cas de
viol ou d’inceste”, sur laquelle il y a pourtant “un large consensus sociétal” en Irlande. Pour elle, du fait de l’intimidation menée par “la hiérarchie catholique”, le véritable enjeu – la vie de femmes et d’enfants - a été éclipsé “au profit du drame joué au sein
de Fine Gael”.

Ruadhàn Mac Cormaic, du Irish Times, souligne quant à lui que la nouvelle loi n’inclut pas d’amendement pour autoriser l’avortement “au cas où le foetus présenterait des anomalies fatales”. Le gouvernement a refusé cette situation en affirmant qu’il avait “les mains liées” sur la question, car il devait “agir dans les limites du jugement rendu par la Cour Suprême en 1992, qui ne dit rien” à ce sujet. Faire passer cet amendement aurait nécessité un référendum, “un pas politique” que le gouvernement n’était pas prêt à faire, regrette le journaliste.

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