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À l’Assemblée nationale, la guerre en Ukraine éclabousse le RN et LFI

Élisabeth Borne à la tribune de l’Assemblée nationale ce lundi 3 octobre.
ALAIN JOCARD / AFP Élisabeth Borne à la tribune de l’Assemblée nationale ce lundi 3 octobre.

ALAIN JOCARD / AFP

Élisabeth Borne à la tribune de l’Assemblée nationale ce lundi 3 octobre.

POLITIQUE - Salle des pas perdus de l’Assemblée nationale, 14 h 20. Un chien s’agite et renifle énergétiquement tout ce qu’il lui est présenté par les gendarmes qui l’accompagnent. Opération déminage à plus d’une heure d’une rentrée parlementaire qui s’annonce explosive.

Le premier sujet sur lesquels les députés vont se pencher ce lundi 3 octobre est par définition inflammable. Un débat sur la guerre en Ukraine, dans un contexte où le Rassemblement national aimerait bien faire oublier sa russophilie.

Se sachant surveillés sur le sujet, Marine Le Pen est ses troupes participent sans rechigner à la standing ovation faite à Vadym Omelchenko, ambassadeur d’Ukraine venu assister aux échanges, à l’ouverture de la séance.

« Fascination pour l’impérialisme russe »

Un geste qui n’a pas empêché la Première ministre Élisabeth Borne de se tourner ostensiblement vers les bancs de l’extrême droite lorsqu’elle a évoqué « ceux qui masquent leur fascination pour l’impérialisme russe par un prétendu patriotisme » au détour d’un argumentaire en faveur des sanctions contre Moscou, critiquées au RN.

« Les sanctions continueront tant que Poutine s’évertuera dans la spirale du conflit et de la confrontation. Abandonner les sanctions, ce serait abandonner l’Ukraine. Ce serait renoncer à nos valeurs. Ce serait nous soumettre à la Russie. La France, le patriotisme, ce n’est pas l’abandon. Ce n’est pas le renoncement. Ce n’est pas la soumission », a-t-elle insisté.

Au regard de la moue affichée par Marine Le Pen, l’attaque a touché sa cible. Mais les rangs lepénistes ne sont pas les seuls à avoir essuyé des critiques sur ce dossier. Durant son discours, le député LR de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot s’en est pris aux insoumis, dont le chef de file Jean-Luc Mélenchon a longtemps eu une attitude ambiguë vis-à-vis de la Russie.

« Qui a invité Poutine à Versailles ? »

Renvoyant dos à dos RN et LFI, l’élu de droite a fustigé « une cinquième colonne » sévissant à l’extrême gauche par « atavisme stalinien » et « antiaméricanisme primaire », ainsi qu’à « l’ultra droite, » par « fascination pour le culte de l’homme fort et la défense de prétendues valeurs ». Tollé immédiat chez les deux formations visées, qui ont fini par exprimer leur vif agacement.

« Qui a invité Poutine à Versailles ? », ont lancé les députés insoumis, au moment où le député radical Bertrand Pancher accusait « l’extrême gauche » d’avoir entretenu une confusion à l’égard de la Russie.

« Et la vaccination obligatoire ? », entendait-on sur les bancs du RN au moment où Aurore Bergé expliquait que le soutien inconditionnel à l’Ukraine revenait à soutenir la liberté en général.

« Et la vaccination obligatoire ? »

Sur le fond, les deux groupes visés ont tenu à se défendre. Inconnu du grand public, le député RN de l’Ain Jérôme Buisson s’est chargé pour le RN de donner la réplique au gouvernement, en répétant les éléments de langage de Marine Le Pen, spécialement revenue dans l’hémicycle pour assister au discours, avant de repartir.

Au menu : l’inefficacité présumée des sanctions infligées à la Russie et une condamnation de l’annexion des territoires ukrainiens décidée par Moscou. « Nous avions exprimé nos réserves sur les sanctions énergétiques et encore une fois nous avions raison », a déclaré l’élu RN qui, à l’instar de Marine Le Pen, a plaidé pour des sanctions ciblées visant les oligarques ou des équipements d’armement.

Un service minimum que n’a pas choisi la France insoumise, qui s’est exprimée par la voix de la présidente du groupe, Mathilde Panot. « Le rôle de la France dans cette crise est d’œuvrer aux côtés de l’Ukraine pour le respect vaille que vaille du droit international, la protection des civils et le retour de la paix. Dans cet objectif, la poursuite du dialogue avec la Russie était nécessaire », a déclaré l’élue insoumise.

Mais, à la différence d’autres groupes membres de la NUPES, comme les socialistes et les écologistes, Mathilde Panot n’a ni applaudi les livraisons d’armes à la résistance ukrainienne, ni demandé leur intensification, considérant que « seule la négociation peut permettre de sortir de l’impasse de la guerre totale ». Une spécificité qui ne sera pas de nature à calmer les critiques faites aux insoumis sur le sujet.

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