À l’Assemblée nationale, La France insoumise change de ton (et ce n’est pas un hasard)
POLITIQUE - Jusqu’où pousser l’insoumission ? La question taraude les députés proches de Jean-Luc Mélenchon depuis leur irruption à l’Assemblée en 2017. Parfois accusés de parler fort, de chahuter leurs opposants, voire de manquer de respect aux institutions, ils semblent répondre depuis la rentrée par un changement de ton et d’attitude. Dans l’hémicycle, les Insoumis se font davantage remarquer pour leurs victoires sur le fond (adoption d’amendements, élection de deux vice-présidentes...) que pour leurs coups d’éclat.
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« Ils semblent avoir compris qu’on peut s’opposer durement et frontalement au gouvernement sans tout envoyer bouler. C’est même plus efficace », confirme un socialiste élu cet été auprès du HuffPost, surpris par ce changement de braquet. Une stratégie bien rodée, qui doit autant aux circonstances qu’à un plan élaboré en coulisses. Les circonstances d’abord. Désormais au nombre de 71, les Insoumis n’ont plus besoin de prouver qu’il existent, comme en 2017 lorsqu’ils étaient 17. « C’est le contexte qui a changé, affirme le député LFI Éric Coquerel dans Libération. En 2017 et en 2022, on était minoritaires la plupart du temps, donc notre rôle était d’incarner la résistance à un projet. Ce n’est pas la même chose quand vous pouvez gagner et qu’il faut aller chercher des voix pour élargir votre majorité. » « Je n’ai aucun regret sur ce qu’on a fait, mais on entre dans une autre période », concède aussi la présidente du groupe Mathilde Panot dans le Monde.
Éric Coquerel lui-même s’est fait réélire président de la puissante commission des Finances, au centre de toutes les attentions au moment de l’examen du budget ; ses collègues Clémence Guetté et Nadège Abomangoli ont accédé au Perchoir ; l’ex-porte-parole d’Attac Aurélie Trouvé s’est retrouvée propulsée présidente de la commission des Affaires économiques... Une série d’événements heureux pour le mouvement mélenchoniste, qui confirme son gain en solennité. En voie d’institutionnalisation, les Insoumis ? « Nous nous faisons une haute idée de l’Assemblée nationale », a appuyé Clémence Guetté sur franceinfo. Les photos prises le jour de sa première présidence de séance ont beaucoup tourné dans les cercles militants. Comme celles de Nadège Abomangoli, dont l’arrivée dans la salle des pas perdus, au son de « la garde républicaine » qui « bat la générale aux tambours » a été saluée par... Jean-Luc Mélenchon.
« Ne pas être réduits aux caricatures »
« C’est une façon de démontrer que les Insoumis ne peuvent pas être réduits aux caricatures qui en sont faites », concède Clémence Guetté. Auprès du HuffPost, un conseiller écolo se réjouit de cette entrée dans une ère nouvelle : « Les Insoumis ne comprenaient pas que l’essentiel des attaques de nos adversaires portaient là-dessus. Désormais ils vont pouvoir se concentrer sur le fond et mettre les macronistes face à leurs responsabilités. On va les lâcher sur la petite phrase de Louis Boyard ou la polémique de Thomas Portes ». Un cadre insoumis admet dans Libé : « Il y a un équilibre à trouver, certains comportements individuels salissent le collectif. On peut garder la radicalité sur le fond mais incarner de manière différente. Lisser la façon dont on se comporte à l’Assemblée ».
Des règles édictées en partie par Jean-Luc Mélenchon lors des journées parlementaires du mouvement à la fin de l’été. Selon plusieurs sources, le tribun aurait fait passer des consignes à ses troupes, leur conseillant d’être radicaux plutôt sur le fond que sur la forme. Il n’en reste pas moins que pour Clémence Guetté, parler de changement d’attitude serait abusif. Cela tient plutôt, selon elle, d’une évolution de « l’appréciation du regard journalistique et des observateurs ». La preuve, promet-elle : les Insoumis ne vont « pas cesser d’utiliser tous les registres qui s’offrent à [eux] pour alerter sur [leurs] propositions ». La forme au service du fond, et non l’inverse.
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