À l’Assemblée nationale, cette drôle de réunion lance la bataille du Budget

Éric Coquerel et Bruno Le Maire à l’Assemblée nationale en avril 2024.
ALAIN JOCARD / AFP Éric Coquerel et Bruno Le Maire à l’Assemblée nationale en avril 2024.

POLITIQUE - La vie politique recèle de bizarreries. Ce lundi 9 septembre, la commission des Finances de l’Assemblée nationale a prévu de se réunir à 17 h 30. Jusque-là rien d’anormal, un budget devant être présenté dans les prochaines semaines. Mais là où les choses sont plus étonnantes, c’est qu’autour de la table, on retrouvera les deux ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. Précision importante : ce dernier est également député de la Gironde, et membre de la fameuse commission chargée de l’auditionner.

Gouvernement Michel Barnier : avec des LR, Renaissance, « des gens de gauche », à quoi peut-il ressembler ?

L’arrivée de Michel Barnier à Matignon le 5 septembre a beau avoir chassé Gabriel Attal, qui prend les rênes du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée, les anciens ministres restent en poste pour gérer les affaires courantes le temps qu’un prochain gouvernement soit nommé. La situation est-elle tenable ? La députée Constance Le Grip concède dans le Monde qu’il existe « toujours un risque que le grand n’importe quoi déferle sur la vie politique ». Effectivement.

« Cette semaine, j’avais prévu d’auditionner les nouveaux ministres. Je pensais que 52 jours après la démission du gouvernement, nous en aurions un nouveau. Ce n’est pas le cas », a regretté le président LFI de la commission des Finances Éric Coquerel ce 9 septembre sur France Info. La réunion du jour aura donc pour objectif de tracer les contours du budget pour l’année 2025… Mais aussi de demander des comptes aux ministres démissionnaires. Des documents révélés le 2 septembre ont montré que pour la deuxième année consécutive, le déficit public français pourrait considérablement se creuser.

« Politique d’austérité voulue par Macron »

Un mauvais signal, alors que, comme six autres pays, la France a été épinglée au début de l’été par la Commission européenne pour déficit budgétaire excessif, faisant craindre des sanctions pouvant s’élever à plusieurs milliards d’euros. Le gouvernement démissionnaire, soucieux de ne pas être montré du doigt pour sa mauvaise gestion, imagine alors des mesures d’économies drastiques pour tenter de rester dans les clous.

Ce qui fait dire à Éric Coquerel que le budget en préparation « poursuit la même politique de l’offre, de la compétitivité et d’austérité voulue par Macron ». Mais le député Insoumis ne perd pas espoir de modifier dans les grandes largeurs ce budget, en le rendant « NFP-compatible ». Il promet un travail intense mené par les députés de gauche membres de la commission des Finances pour infléchir la trame gouvernementale. Reste à savoir comment, et surtout quand, la copie sera rendue.

Car une inconnue persiste à ce sujet : le budget sera-t-il déposé comme prévu sur le bureau de l’Assemblée le 1er octobre ? Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a ouvert la voie ce dimanche 8 septembre à un report. « Je plaide pour qu’un vrai projet de loi de finances, complet et détaillé, soit déposéEt s’il faut prendre quelques jours de plus, c’est possible », a-t-il justifié dans le Parisien, promettant que le budget à venir serait sans doute « le plus délicat de la Ve République ». Mais au Sénat, beaucoup tiennent à la date du 1er octobre et excluent tout décalage.

Sous le feu nourri des oppositions qui leur reprochent la détérioration des comptes publics, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave devront donc répondre aux questions des députés, qui porteront autant sur le fonds des orientations budgétaires que sur la forme (possiblement inédite) de leur mise en œuvre, à partir de 17 h 30. Une séance qui promet d’être animée.

À voir également sur Le HuffPost :

Un échange privilégié entre Macron et Le Pen pour Matignon ? Les deux camps démentent « Le JDD »

Michel Barnier Premier ministre, Aymeric Caron « très en colère » ne fera plus front républicain