À Grenoble, une guerre des gangs entre trafiquants de stupéfiants a conduit à au moins 7 fusillades, selon les autorités

Des CRS effectuent une perquisition dans un immeuble dans le cadre d’une opération consécutive à plusieurs jours de fusillades liées au trafic de drogue,  à Échirolles, en périphérie de Grenoble, le 21 août 2024.
MAXIME GRUSS / AFP Des CRS effectuent une perquisition dans un immeuble dans le cadre d’une opération consécutive à plusieurs jours de fusillades liées au trafic de drogue, à Échirolles, en périphérie de Grenoble, le 21 août 2024.

FAITS DIVERS - Les autorités n’hésitent plus à qualifier la situation de « guerre des gangs ». Grenoble, chef-lieu de l’Isère, à connu cet été une série de fusillades qui a fait un mort et une dizaine de blessés, liée à des conflits entre trafiquants de stupéfiants. La dernière remonte à la nuit de mercredi à jeudi, et est le 17e épisode de violence par arme à feu sur le territoire depuis le début de l’année. Selon la police, il y a eu une « accélération des faits criminels » depuis une dizaine de jours, au point que la ville soit comparée à sa grande sœur des Bouches-du-Rhône, Marseille.

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Six impacts de balle et des traces de sang ont été relevés dans la voiture visée, indique la police, lors de la dernière fusillade en date. Quatre des attaques les plus récentes se sont déroulées à Échirolles, commune de 36 000 habitants au sud de Grenoble. Certaines ont eu lieu quasiment en face de l’hôtel de ville dans un immeuble partiellement habité et abritant plusieurs commerces, le « Carrare ». Si les trafics et les rivalités entre bandes ont toujours existé, « c’est l’usage d’armes qui est nouveau » dans l’agglomération iséroise, se désole Amandine Demore, la maire PCF de la ville.

« Il y a eu des tirs, des coups de feu sur l’agglomération, mais là, d’avoir autant de blessés, ça n’est jamais arrivé », regrette l’édile, décrivant la peur des balles perdues, l’incompréhension le sentiment « d’abandon par l’État » qui gagne ses administrés. Grenoble n’est pas en reste avec plusieurs accrochages sanglants dans les quartiers sensibles de Saint Bruno, Berriat ou Teisseire, tous situés en centre-ville.

Une situation comparable à Marseille

Le territoire est en proie à une « guerre des gangs intense » et sa situation est désormais « très comparable » à celle de Marseille, même si les bilans humains sont moins élevés, estime le procureur de la République, Eric Vaillant. Selon Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale de l’Isère, ce pic de violences peut s’expliquer par les opérations de « harcèlement » et « déstabilisation » menées par les forces de l’ordre sur les points de deal. Sur le seul site du Carrare, « c’est 5-6 opérations par jour qu’on effectue » et six opérations « place nette » ont été conduites en Isère depuis la fin 2023, annonce-t-il.

À cela s’ajoute le meurtre du narcotrafiquant local Mehdi Boulenouane lors d’un probable règlement de comptes en mai dernier : « la nature ayant horreur du vide, les gens essaient de se réapproprier des points de deal lucratifs », souligne le policier.

Peut-on espérer que la tension retombe prochainement ? « On est obligé de rester humble. On ne peut pas fanfaronner sur un sujet pareil. Il y a tellement d’argent ! », reconnaît Eric Vaillant. Selon lui, certains points de deal pourraient atteindre un chiffre d’affaires d’environ 35 000 euros par jour.

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