À cause du réchauffement climatique ces lézards naissent déjà vieux

Les nouveau-nés lézard vivipare vieillissent prématurément
wikimedia commons Les nouveau-nés lézard vivipare vieillissent prématurément

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ANIMAUX - Le changement climatique fait peser une réelle menace sur les reptiles et autres animaux sauvages. Dans une étude publiée dans les Actes de l’Académie nationale des sciences ce lundi 8 août, des chercheurs français ont établi un lien entre le vieillissement prématuré des nouveau-nés lézards et le réchauffement climatique. Le stress lié à la chaleur notamment dans le centre de la France endommage et vieilli l’ADN des lézards, ce qui diminue considérablement leur espérance de vie.

« Nous avons commencé notre travail en se concentrant sur une vingtaine de populations de lézards vivipares dans le Massif central et les Pyrérées. Puis sur 10 populations exclusivement dans le massif central en 2015, mais au cours de l’étude une de ces populations a disparu », explique Andréaz Dupoué, biologiste à l’Ifremer et co-auteur de l’étude au HuffPost.

Le réchauffement climatique et les chaleurs qui s’abattent sur la France s’attaquent de plein fouet aux animaux. Les incendies ou la fonte des glaciers menacent la biodiversité et dans le cas des lézards, c’est la chaleur à basse altitude qui menace l’espèce car les nouveau-nés peinent tout simplement à atteindre à l’âge adulte et ainsi à se reproduire correctement.

Les 9 populations étudiées sont identifiables par ces codes à 3 lettres.
PNAS Les 9 populations étudiées sont identifiables par ces codes à 3 lettres.

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La crainte d’un effet « boule de neige »

Pour chaque population, les analyses étaient les mêmes : « notre première question était de
savoir pourquoi le lézard vivipare était en déclin à basse altitude 
». Pour cela, Andréaz Dupoué et son équipe ont analysé la taille de ces différentes populations, leur abondance au cours de la dernière décennie, le micro-climat, et l’altitude de leur habitat.

Le but : effectuer des tests de télomères. Un indice télomèrique permet d’identifier les cellules de vieillissement. En laboratoire, l’équipe a donc mesuré les télomères aux extrémités des chromosomes des lézards : « les télomères protégent les codes de l’ADN et au fil du temps ils ne peuvent plus fournir cette protection. Selon le cadre de vie de chaque population, nous avons pu constater que le réchauffement climatique accélerait le rythme de vie des lézards et qu’il était la raison de ce vieillisement prématuré » affirme le chercheur.

De quoi aussi faire craindre aux chercheurs un effet « boule de neige ». Le lézard vit normalement jusqu’à l’âge de 4 ans et se reproduit entre l’âge de un à deux ans. Lorsque ces populations sont confrontées à des vagues de chaleur, instinctivement et pour combattre l’exinction, le lézard va se reproduire le plus tôt possible, vers l’âge de un an.

« Le problème est que chaque génération de lézard va transmettre des télomères à chaque fois plus dégradé et le fait qu’ils se reproduisent vite accélère leur excinction » déplore Andréaz Dupoué, pointant juste du doigt le fait que des « lézards naissent déjà vieux ».

Une extinction difficile à anticiper

L’inquiétude des chercheurs se tourne vers le réchauffement brutal de cet été car à mesure que les températures augmentent, le problème s’accélère. Sur les 10 populations de lézards que les chercheurs ont étudié en 2015, une a disparu au cours de l’étude en 2017 .

Anticiper l’exctinction du lézard vivipare dans le Massif Central reste par ailleurs plutôt délicate : « Les facteurs sont trop nombreux, je dirais que l’excintion sera quasi-certaine dans 10 ans mais cela peut être bien plus précoce ». Si cette espèce pourrait un jour disparaître du paysage dans le Massif Central, elle est néanmoins présente dans d’autres régions du globe, comme en Irlande ou au Japon, où le climat est plus favorable. Le lézard vivipare s’adapte en effet très bien aux climats plus froids. Il peut même geler pendant l’hiver et survivre.

Un point positif reste soulevé par Andréaz Dupoué : « mesurer la longueur des télomères pourrait devenir un outil qui aide les biologistes à déterminer si les efforts de conservation fonctionnent et cela fonctionnerait pour de nombreuses espèces ». De quoi mieux anticiper l’extinction d’une espèce et comprendre les raisons de son déclin.

À voir également sur Le HuffPost : Ces deux espèces se sont répandues dans le monde entier et c’est une catastrophe

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