Dans "À cœur battant", le spectateur est placé dans une position à la fois empathique et voyeuriste

La crise du Covid-19 donne indirectement à cette drôle de romance une résonance particulière. Il y a fort à parier que bon nombre de couples séparés par le confinement ou les fermetures de frontières se projetteront dans cette histoire mettant à l’épreuve de l’espace, du temps et des nouvelles technologies un amour fusionnel. Celui que se vouent Julie, une architecte trentenaire, et Yuval, un photographe israélien : des jeunes parents éloignés plus longtemps que prévu à cause d’un imbroglio administratif différant le retour en France du jeune homme après un court séjour dans son pays.

Dès lors, Skype devient le meilleur moyen, du moins le croient-ils, de combler le manque de l’autre. Par le biais de leur ordinateur ou de leur téléphone portable, ils tentent de reconstituer un peu de leur ordinaire commun, qu’ils cuisinent ou végètent sur un canapé. Cette intimité, on y pénètre de plain-pied dès la séquence d’ouverture, où les époux se masturbent par écrans interposés.

L’ingénieuse mise en scène du film – façon webcam – place le spectateur dans une position à la fois empathique et voyeuriste. Un trouble accentué par la banalité du quotidien, forcément un peu familier, auquel il assiste.

Miroir tendu aux spectateurs

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