Cette étiquette de vin signée Charb indigne un syndicat de police

"C’est une insulte à une profession, et indigne de cette enseigne...”, a dénoncé le Syndicat des Commissaires de la Police Nationale.

CHARLIE - L’étiquette de la discorde. Une bouteille de vin a provoqué l’indignation auprès d’un syndicat de police, ce mercredi 17 novembre. En cause, une étiquette réalisée dans les années 90 par Charb pour son ami le viticulteur bordelais, Gérard Descrambe, et qui montre un policier ivre déclarant que le breuvage “est le partenaire de (ses) bavures”.

Un jeu de mots qui n’est pas du tout passé auprès du Syndicat des Commissaires de la Police Nationale. “Cette bouteille est en rayon chez Carrefour City à Nantes. On y voit un dessin de policier ivre, et la mention ‘le partenaire de mes bavures’. C’est une insulte à une profession, et indigne de cette enseigne...”, dénonce-t-il sur Twitter et demandant par ailleurs au groupe Carrefour de réagir.

Dans la foulée, du SCPN, le syndicat Alliance, l’un des plus importants de la police a également réagi à l’étiquette mais cette fois avec beaucoup plus de nuance. “Nous espérons que Carrefour et Charlie Hebdo lèveront le coude à la santé et en l’honneur des policiers blessés ou tués pour protéger la République et la Liberté”, écrit l’organisation ajoutant en hashtag “libertéexpression”.

Charb, le dessinateur de Charlie Hebdo et auteur de l’étiquette, a été assassiné lors de l’attaque terroriste qui a visé la rédaction en 2015.

Pour réponse Carrefour a, sur Twitter, demandé au syndicat de lui communiquer l’adresse exacte du magasin concerné.

Un “hommage involontaire à Charb

Une attaque que le viticulteur Gérard Descrambe ne comprend pas vraiment. “Moi j’ai des amis dans la police, mes étiquettes les ont toujours fait marrer. Il y en a avec qui ça prend, d’autres ça ne prend pas. Ce dessin, Charb me l’a fait je crois dans les années 90. Ça fait des années que ces bouteilles de vin bio je précise, sont vendues, je ne comprends pas très bien pourquoi les débats sont ravivés aujourd’hui”, explique-t-il à LCI.

Après l’interpellation du syndicat de police sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs ont pris position pour le viticulteur, menaçant même de boycotter l’enseigne Carrefour si elle cédait en retirant ladite bouteille. Certains ont demandé où était passé l’esprit Charlie Hebdo, quand d’autres ont mis en garde contre un effet Streisand.

Arnaud Lançon, frère du journaliste Philippe Lançon, rescapé de l’attaque de Charlie Hebdo, a lui salué un “hommage involontaire à Charb”, qui, il l’imagine, “l’aurait bien fait marrer”.

Face aux critiques, le syndicat s’est défendu: “Nous aussi nous sommes Charlie, nous aussi nous avons de l’humour. Cela n’a rien à voir avec le dessin de Charb. Mais les policiers sont suffisamment attaqués et menacés pour ne pas laisser dire qu’ils commettent des bavures parce qu’ils sont alcooliques.”

“Un pan de l’histoire de France”
Toujours sur Twitter, le journaliste de France Inter et spécialiste du vin, Dominique Hutin, a tenu à partager son savoir sur ces étiquettes très particulières. Selon lui, celle incriminée fête cette année ses 30 ans.Gérard Descrambe, grand ami des membres de Charlie Hebdo, a ainsi régulièrement sollicité les caricaturistes phares de la rédaction pour créer les étiquettes de ses cuvées. Ainsi, le premier fut Reiser en 1974, puis Wolinski, avant qu’une flopée d’autres se prennent au jeu: Carali, Cavanna, Charb (en 1991 donc), Choron, Gébé, Lefred-Thouron, Margerin, Siné, Vuillemin, Willem etc. détaille le journaliste.

Et le journaliste de conclure: “Vous pouvez ne pas souscrire. Mais il s’agit là d’un pan de l’histoire de France, ancienne comme récente (Charb, Tignous, Wolinski, Cabu... Charlie hebdo)”.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

VIDÉO - Beaujolais nouveau: le village de Beaujeu célèbre le cru 2021

undefinedundefined