Aux États-Unis, la candidature improbable ce prisonnier peut chambouler l’élection au Congrès
ÉTATS-UNIS - Dans l’histoire américaine, des candidats aux élections ont déjà fait campagne derrière les barreaux. C’est notamment le cas de Eugene V. Debbs qui s’est présenté à la présidentielle de 1918 alors qu’il avait été condamné à 10 ans de prison pour sédition. En 2024, un prisonnier inconnu se présente pour un siège à la Chambre des Représentants. Et sa présence sur le bulletin de vote pourrait avoir des conséquences non négligeables sur le Congrès américain.
Le récit de cette candidature improbable a été fait par le New York Times dans un article publié ce mardi 15 octobre, ainsi que de nombreux autres médias américains ces dernières semaines. Eric Hafner, 33 ans, est en prison avoir menacé des fonctionnaires du New Jersey, où il a grandi. Il est incarcéré à New York et n’a jamais mis un pied en Alaska.
C’est pourtant dans cet État qu’il s’est présenté. Il fait face à la Représentent sortante, la démocrate Mary Peltola qui est née dans cet État situé à la pointe ouest du Canada, et au républicain Nick Begich III, décrit par le quotidien américain comme un homme venant d’une dynastie politique connue à Anchorage, la capitale de l’Alaska. Le dernier candidat John Wayne Howe vient d’un troisième parti minoritaire.
L’élection aura lieu le jour de la présidentielle du 5 novembre. À cette date, Un tiers des membres du Sénat et l’entièreté de la Chambre des Représentants sont renouvelés. Eric Hafner sera bien sur les bulletins de vote en raison d’une anomalie propre à l’Alaska qui permet aux électeurs de faire une liste des candidats qu’ils préfèrent.
Faire basculer la majorité à la Chambre des Représentants
À la primaire qui a eu lieu en août, l’inconnu Eric Hafner a récolté 467 votes et est arrivé en 6e place sur 12 candidats. Pour être qualifié à l’élection du 5 novembre, il fallait se placer dans les quatre premières places. La chance a souri au prisonnier : deux candidats républicains se sont retirés de la course en faveur de Nick Begich III. Bingo pour Eric Hafner, qui est donc le quatrième candidat qualifié.
Les démocrates ne sont en revanche pas du tout ravis. Eux soutiennent Mary Peltola et espèrent qu’elle conservera son siège, d’ailleurs l’unique siège de Représentant pour l’Alaska à la Chambre (le nombre d’élus dans cette chambre basse dépend de la population de l’État). Sauf qu’Eric Hafner risque de siphonner une partie des voix de la démocrate et pourrait faire perdre son siège à cette dernière. Et même avoir un impact sur l’équilibre à la Chambre des Représentants, si une voix seulement manque aux démocrates pour avoir la majorité absolue.
« Les chances qu’Eric Hafner ait un impact sur cette élection sont légitimes et réelles. C’est une course très serrée où chaque voix va compter », souligne ainsi auprès du New York Times Matt Shuckerow, un stratège du parti républicain basé en Alaska. Selon lui, le condamné pourrait recueillir 1 à 3 % des voix. « Cela pourrait coûter l’élection (à Mary Peltola) », estime-t-il.
Il s’est déjà présenté aux élections à Hawaï et en Oregon
La publicité faite à Eric Hafner dans les médias risque en plus de générer de la confusion chez les électeurs, qui pourraient tout simplement oublier qu’une candidate a le soutien du parti démocrate. Ce dernier a même tenté d’éliminer Eric Hafner de la course en se tournant vers les tribunaux. Un échec.
Comme tout candidat qui se respecte, le prisonnier fait campagne depuis New York avec l’aide de sa mère – qui a aussi candidaté pour ce siège en 2018 sans succès – et en utilisant son temps de téléphone pour contacter des journalistes. Il a notamment déclaré au New York Times qu’il « se fichait que Mary Peltola ne soit pas réélue ».
Il a aussi affirmé que son but n’était pas de perturber l’élection mais de faire en sorte que l’Alaska s’aligne à ses idées fortes sur le climat, la préservation des ressources naturelles, et les droits des peuples indigènes. Interrogé sur son obligation de vivre dans l’État si jamais il est élu, Eric Hofner ne voit pas de problème malgré une sentence qui court jusqu’en 2036. Il pense pouvoir demander sa libération anticipée et s’établir en Alaska.
Eric Hofner n’en est pas à son coup d’essai en politique. Le New York Times raconte en effet qu’il s’est présenté à au moins deux élections pour devenir membre du Congrès : pour Hawaï en 2016 en tant que républicain, et en Oregon en 2018 en tant que démocrate.
À voir aussi sur Le HuffPost :
Pour la présidentielle américaine, Kamala Harris s’emploie pour reconquérir cet électorat-clé
Présidentielle américaine : Donald Trump répond à Kamala Harris sur le terrain de la santé