Qui était Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération ?

Fils de militaire à l'esprit rebelle, il choisit de rendre copie blanche plutôt que de servir l'armée allemande. Parti s'engager auprès du général de Gaulle, il devient député et ministre de Georges Pompidou, avant de s'éteindre à l'âge de 101 ans et d'être inhumé au Mont Valérien.

Un mois après son décès, à l'âge de 101 ans, Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération, est inhumé ce jeudi au Mont-Valérien, jour de commémoration de l'armistice du 11-Novembre 1918, en présence d'Emmanuel Macron.

Fils de militaire, mais rebelle, il se fait exclure de plusieurs grands lycées parisiens. A 17 ans, il est en décalage avec les enfants de son âge qu'il trouve de mentalité étriquée et avec les professeurs qu'il juge bornés. Indiscipliné, voire insolent, il est caractérisé par son esprit rebelle qu'il conservera toute sa vie.

Déserter un concours pour partir "faire la guerre"

En 1934, son père, alors membre du cabinet de Philippe Pétain, raconte au Maréchal ses soucis avec son fils. Ce dernier sermonne Hubert Germain pour son indiscipline.

"Cela a fait de moi le premier anti-pétainiste de France", s'amusait-il.

Son père, plus sage, rallie Vichy, avant d'être arrêté par la police française en 1943 et déporté en République Tchèque. Une douleur que son fils n'a jamais réussi à soulager.

En juin 1940, Hubert Germain passe le concours de l'école navale de Bordeaux. Mais il décide de rendre copie blanche pour ne pas avoir à servir dans une armée aux ordres de l'ennemi, alors que les Allemands entrent dans Paris.

"Je me suis levé en disant à l'examinateur: je pars faire la guerre", racontait-il en 2018.

A seulement 20 ans, il embarque donc fin juin 1940 à bord d'un cargo britannique avec des troupes polonaises, afin de rejoindre le général de Gaulle.

En 1944, il est à l'origine d'une célèbre scène dans la ville d'Autun en Saône-et-Loire. Il fait placer deux canons face aux fenêtres d'un tribunal créé de toutes pièces pour décider de la tonte de femmes accusées de traîtrise avec l'ennemi.

"Les décorations on s'en fout"

Emmanuel Macron doit prononcer un discours dans lequel il rendra hommage à Hubert Germain qui, "à l'aube comme au crépuscule, fut le dernier à rendre les armes", selon les propos qu'il avait tenus à la cérémonie d'hommage aux Invalides le 15 octobre.

Il avait alors salué la "fougue" et la "détermination" de ce "résistant de la première heure", qui était ensuite devenu député gaulliste et ministre de Georges Pompidou.

"Les décorations on s'en fout", répétait à l'envi Hubert Germain.

Hubert Germain reposera au Mont Valérien, principal lieu d'exécution de résistants et d'otages durant la Seconde guerre mondiale. Il rejoint dans la crypte du Mémorial seize autres combattants morts pour la France de 1939 à 1945.

Article original publié sur BFMTV.com

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