Émeutiers du Capitole, militants anti-avortement... Qui sont les premiers graciés de Donald Trump?
Ils sont manifestants anti-avortement, créateur d'un site de vente de drogues, assaillants du Capitole, policiers condamnés... Et ont une chose en commun: tous ont été graciés par Donald Trump. Depuis son investiture, lundi 20 janvier, le président des États-Unis a décidé une série de pardons présidentiels, dénonçant "une grave injustice nationale".
À commencer par celle, spectaculaire, accordée à 1.500 personnes condamnées pour avoir pris d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021, quelques heures seulement après s'être assis dans son fauteuil du Bureau ovale. Soit presque tous les individus ayant participé à l'attaque et condamnés pour certains à de lourdes peines.
• Enrique Tarrio et Stewart Rhodes, condamnés pour l'assaut du Capitole
Parmi les 1.500 personnes graciées par le président Trump, Enrique Tarrio, ancien chef de l'organisation néofasciste Proud Boys. Il a été condamné en septembre 2023 à 22 ans de prison - la peine la plus lourde dans cette affaire - pour avoir organisé et dirigé le ralliement de 200 Proud Boys aux assaillants du Capitole. Il ne se trouvait pas à Washington le 6 janvier 2021.
Avec la "grâce totale" de Donald Trump, Enrique Tarrio est non seulement libre, mais il retrouve également ses droits civiques et peut donc de nouveau voter ou acheter une arme.
"Je peux vous dire qu'il est ravi d'avoir été libéré", a déclaré l'avocat de Tarrio, Nayib Hassan, à CBS après la libération de l'ancien leader du groupe d'extrême droite.
Comme Enrique Tarrio, d'autres membres des Proud Boys, dont Gilbert Fonticoba, ont été libérés dans la semaine. Ce dernier avait écopé d'une peine de 48 mois de prison pour obstruction à une procédure officielle et désordre civil et n'a, devant les juges, exprimé aucun regret, rapporte CBS.
Parmi les 1.500 graciés de Donald Trump se trouve également Stewart Rhodes, fondateur de la milice d’extrême droite Oath Keepers, condamné lui à 18 ans de prison pour son implication dans l'assaut du Capitole.
Accusé par la justice de vouloir "que la démocratie dans ce pays dégénère en violence", il n'était pas présent à Washington, mais a rallié ses partisans à l'assaut. Sa peine a été commuée en peine de prison déjà purgée et Stewart Rhodes a pu être libéré.
D'autres personnes impliquées dans les violences du 6 janvier, notamment à l'encontre des agents de police présents sur place, ont été graciées. C'est le cas de Julian Khater, Devlyn Thompson, des frères Andrew et Matthew Valentin, ou Robert Palmer, qui ont tous été reconnus coupables d'avoir attaqué des membres des forces de l'ordre.
• Jacob Chansley, le visage de l'assaut du Capitole
Il est devenu l'un des symboles de l'assaut du Capitole: le "chaman" de QAnon, coiffé d'une fourrure et de cornes de bison, drapeau des États-Unis sur le visage. Militant pro-Trump et figure du complotisme, il avait été condamné à trois ans et demi de prison pour sa participation à l'assaut du Capitole.
"J’ai été gracié, bébé ! Merci au président Trump !!! Maintenant je vais aller acheter des putains d’armes !!!", a-t-il écrit sur X sitôt sa libération après la grâce présidentielle de Donald Trump.
• Lauren Handy, militante anti-avortement
Dans sa lancée de pardons présidentiels, Donald Trump a également gracié 23 personnes poursuivies par le précédent gouvernement pour avoir participé à des manifestations contre l'avortement, notamment le blocus d'une clinique pratiquant l'IVG en 2020. Parmi ces graciés, Lauren Handy, condamnée à cinq ans de prison pour avoir dirigé l'opération. Les forces de l'ordre avaient retrouvé chez elle cinq fœtus dans des sacs et des glacières.
En plus de Lauren Handy, neuf accusés dans la même affaire ont été libérés après le pardon de Donald Trump.
Selon lui, les 23 militants anti-avortement graciés "n'auraient pas dû être poursuivies", a-t-il déclaré, ajoutant: "C'est un grand honneur de signer ceci."
• Deux policiers condamnés pour meurtre
Le président américain a aussi gracié deux policiers de Washington, Terence Sutton et Andrew Zabavsky, qui avaient été condamnés pour une course-poursuite illégale à l'issue de laquelle Karon Hylton-Brown, un homme noir de 20 ans, avait trouvé la mort en 2020.
Le premier avait été condamné en septembre à plus de cinq ans de prison pour meurtre, quand le second purgeait une peine de quatre ans. "Ils ont été arrêtés et emprisonnés pendant cinq ans parce qu’ils poursuivaient un criminel", a déclaré Donald Trump mardi.
"Et je suppose qu’il s’est passé quelque chose qui a mal tourné, et ils ont arrêté les deux policiers et les ont mis en prison pour avoir poursuivi un criminel", a-t-il ajouté.
• Ross Ulbricht, en prison à vie pour trafic de stupéfiants
Mardi, Donald Trump a également annoncé avoir gracié le créateur du site illégal "Silk Road", qui a servi de plateforme en ligne pour la vente de millions de dollars de drogues à travers le monde. Ross Ulbricht avait été condamné en 2015 à la prison à vie pour trafic de stupéfiants et opérations commerciales illégales.
Son site, créé en janvier 2011, a servi à vendre de nombreux biens illégaux sur le "darkweb", dont 200 millions de dollars de drogues, avant d'être fermé par la police fédérale américaine (FBI) en octobre 2013. L'homme de 40 ans était aussi accusé d'avoir commandité cinq meurtres.
"Je viens d'appeler la mère de Ross William Ulbricht pour lui faire savoir qu'en son honneur et celui du mouvement libertarien, qui m'a soutenu si ardemment, j'ai le plaisir de signer une grâce totale et inconditionnelle pour son fils", a déclaré le nouveau président américain sur Truth Social.