Élections américaines 2024: pourquoi continue-t-on de dépouiller alors que Donald Trump a gagné?
Il y a près de 48 heures, Donald Trump a été désigné vainqueur de l'élection présidentielle américaine face à Kamala Harris. Pourtant, en ce vendredi 8 novembre, le dépouillement n'est toujours pas terminé. Vu de France, il paraît étrange de proclamer un résultat alors que tous les bulletins de vote n'ont pas été ouverts, mais aux États-Unis, le système des grands électeurs change la donne.
Un dépouillement qui prend du temps
En effet, Donald Trump avait remporté plus de 270 électeurs sur les 538 au total, dès ce mercredi 6 novembre -soit au lendemain de l'élection- peu avant 12h (heure de Paris). Soit le cap pour être proclamé vainqueur.
Mais ce vendredi 8 novembre, le processus est toujours en cours en Arizona. On ne sait toujours pas qui de Kamala Harris ou de Donald Trump a remporté les 11 grands électeurs de cet État-clé, soit un État qui bascule facilement entre le camp démocrate et républicain. Seuls 74% des bulletins ont été dépouillés en Arizona, selon CNN.
Contrairement à la France, le dépouillement est très long aux États-Unis et il n'est pas rare qu'il prenne plusieurs jours. En 2020, il avait fallu plus de trois jours avant que Joe Biden passe le cap des 270 électeurs face à Donald Trump.
C'est notamment la multiplication du vote par correspondance qui ralentit le dépouillement. Comme le rappelle le New York Times, il prend plus de temps car il comporte plus d'étapes: d'abord, il y a des vérifications supplémentaires pour s'assurer que l'électeur n'a pas également cherché à voter en personne.
Ensuite, les personnes chargées du dépouillement doivent ouvrir les bulletins et les aplatir (car ils ont été pliés) avant de pouvoir les placer dans une tabulatrice pour les compter. Certains fonctionnaires plaident pour une autorisation d'ouvrir et d'aplanir les bulletins en amont, mais cela n'est pas encore autorisé.
Le dépouillement est toutefois moins long qu'en 2020, pendant la pandémie de Covid-19, car moins de personnes ont voté par correspondance et les bureaux de vote ont gagné en expérience.
De plus, "plus le résultat est serré, plus le dépouillement prend du temps", nous explique Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine à l’université Lumière Lyon-2. Dans l'État clé de l'Arizona, peu de voix départageant les candidats, il n'est pas possible d'effectuer une projection. Il est nécessaire de continuer le dépouillement avant d'annoncer un résultat.
Au contraire de la Californie par exemple. L'ensemble des voix n'a pas encore été décomptée non plus mais il a rapidement été possible, dès ce mercredi, d'acter la victoire de Kamala Harris.
Si l'Arizona ne changera pas le résultat de l'élection - Donald Trump possédant déjà 301 électeurs -, il est cependant obligatoire d'aller au bout du processus. Il faut que le collège électoral, soit les 538 grands électeurs, soit au complet le 17 décembre prochain pour élire à leur tour le prochain président.
Les 3.000 comtés du pays ont une échéance préalable: ils doivent certifier leurs résultats officiels avant le 11 décembre. Certains États clés ont même des délais plus courts. La Géorgie, par exemple, doit certifier son décompte final avant le 22 novembre, tandis que le Michigan et la Pennsylvanie ont jusqu'au 25 novembre. Ces trois États clés ont d'ailleurs été remportés par Donald Trump: il a raflé au total cinq "swing states".
Des bulletins de plusieurs pages
Si le décompte des votes est aussi long c'est aussi parce que les Américains n'ont pas été appelés à voter seulement pour leur futur président. Dans plusieurs États, le bulletin de vote fait plusieurs pages car les électeurs américains ont dû se prononcer sur tout un tas d'autres sujets. À commencer par les membres du Congrès: la totalité des sièges de la chambre des représentants est renouvelée ainsi que 33 sièges de sénateurs.
Actuellement, 23 sièges de représentants n'ont pas encore été officiellement attribués, le dépouillement étant toujours en cours. CNN estime à 1.900.000 le nombre de votes restant à dépouiller, principalement en Californie. Les Américains ne savent ainsi pas encore si la Chambre basse sera contrôlée par les républicains ou par les démocrates. Même si le parti de Donald Trump semble en bonne voie: ils ont actuellement remporté 212 sièges contre 200 pour les démocrates. Il en faut 218 pour posséder la majorité.
Au Sénat, le sort a déjà été scellé. Dès ce mercredi 6 novembre, le pays a su que la chambre haute basculait aux mains des républicains. Le Grand Old party possède 52 sièges sur 100. Le décompte pour quatre sièges est encore en cours. À noter que si les républicains ont la main mise sur l'ensemble du Congrès, Donald Trump aura une très grande marge de manœuvre pour faire passer ses réformes.
Dans plusieurs États, il était également possible de voter en même temps pour un secrétaire d'État, un gouverneur, un procureur général, un juge, des directeurs de services de transports ou même des shérifs.
Tout cela sans compter les référendums locaux ou les propositions de loi ou de politiques locales. Dans plusieurs États, les habitants étaient invités à s'exprimer sur le droit à l'avortement.