À la COP29 de Bakou, il sera autant question de climat que d’argent, voici pourquoi

La COP29 à Bakou doit permettre de parvenir à un « nouvel objectif collectif quantifié de financement de la lutte contre le changement climatique » (NCQG) (Photo d’illustration près de Duisburg, en Allemagne, en octobre 2024)
INA FASSBENDER / AFP La COP29 à Bakou doit permettre de parvenir à un « nouvel objectif collectif quantifié de financement de la lutte contre le changement climatique » (NCQG) (Photo d’illustration près de Duisburg, en Allemagne, en octobre 2024)

ENVIRONNEMENT - Émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, catastrophes naturelles… : à première vue, on pourrait penser que tous ces sujets seront au cœur de la COP29, qui s’ouvre ce lundi 11 novembre à Bakou. Et pourtant, cette année, ils ne seront pas la priorité. Réunis dans la capitale de l’Azerbaïdjan, les représentants de 198 pays se concentreront sur un enjeu encore plus clivant : la question du financement de la transition écologique.

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L’objectif central de cette COP est en effet de parvenir à un « nouvel objectif collectif quantifié de financement de la lutte contre le changement climatique » (NCQG). Derrière ce nom à rallonge se cache une question bien concrète : quelle somme les pays du Nord doivent-ils donner aux pays du Sud pour les dédommager face au changement climatique et leur permettre d’engager leur transition ?

« Ce n’est pas de la charité, mais bien une dette que les pays développés ont envers les pays en développement », rappelle Gaïa Febvre, responsable des questions internationales de l’ONG Réseau Action Climat (RAC), contactée par Le HuffPost. « Les pays du Nord, de par leur histoire et leur politique, sont en majorité responsables des changements climatiques. Pourtant, ce sont principalement les pays du Sud qui en paient les conséquences », résume-t-elle.

Une somme versée pour la justice climatique

Ce constat d’injustice climatique n’est pas nouveau. En 2009, lors de la COP15 à Copenhague, les pays développés avaient ainsi promis d’apporter leur aide aux pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020.

Ce montant n’a finalement été atteint qu’en 2022. « Ce retard a non seulement des implications financières, mais il érode également la confiance des pays du Sud envers les promesses des pays développés, alors que l’objectif doit être à présent révisé pour l’horizon 2025 », explique Gaïa Lefebvre.

L’objectif des 100 milliards doit en effet être mis à jour pour la période 2025-2035 lors de la COP29, et remplacé par le fameux « nouvel objectif collectif quantifié » (NCQG). Les pays en développement réclament au moins dix fois plus que le montant actuel, soit entre 1 000 et 1 300 milliards de dollars par an. Frappé de plein fouet par les effets du réchauffement avec des régions désormais difficilement habitables, le Pakistan a même proposé un chiffre le plus élevé avec « un minimum de 2 000 milliards de dollars », rapporte le média spécialisé Carbon Brief.

Passer de 100 à 1 000 milliards de dollars par an

L’ONU n’a pas mandaté de groupe de chercheurs pour étudier quelle somme devrait atteindre le NCQG, mais a précisé en amont de la COP que ce nouvel accord doit tenir compte des « besoins et priorités des pays en développement ». Le négociateur en chef de l’Azerbaïdjan, Ialtchine Rafiev, a pour sa part estimé lors des réunions de « pré-COP » que « les besoins sont de l’ordre de milliers de milliards de dollars ».

Il existe tout de même un document sur lequel les négociateurs pourront s’appuyer : un rapport de détermination des besoins, publié en 2021 par la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ce dernier conclut que 1 160 à 1 180 milliards de dollars par an seront nécessaires d’ici 2030 pour aider les pays en développement à mettre en œuvre leurs feuilles de route pour le climat, aussi appelées « contributions déterminées au niveau national (CDN) ».

C’est justement en raison de ces « plans climat » que la négociation sur le financement est si pressante. Dès 2025, lors de la COP30, chaque pays devra présenter sa feuille de route climat pour concrétiser la sortie des énergies fossiles. « S’il n’y a pas suffisamment d’argent mis sur la table cette année, alors les pays en développement ne pourront pas honorer la promesse de sortie des énergies fossiles annoncée lors de la COP28 », alerte Gaïa Febvre.

Prêts, dons, pays… Où va-t-on trouver cet argent ?

Au-delà de la somme accordée au NCQG, un autre point clé fait débat : la manière dont cet argent doit être versé. Les ONG alertent ainsi sur le fait que les dons sont à privilégier, plutôt que les prêts qui viennent alourdir la dette des pays en développement. Le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell, a également jugé que « le financement public doit être au cœur du NCQG », et qu’une part « aussi importante que possible » de ce financement doit être accordée « sous forme de subventions ou de prêts concessionnels ».

Cependant, les pays développés insistent sur le fait que leurs ressources budgétaires sont limitées et ont prévenu que les financements publics ne représenteront qu’une « couche » du total, qui devra aussi inclure des financements privés. Cette position fait déjà sursauter les ONG, qui rappellent que les subventions publiques aux combustibles fossiles ont atteint le niveau record de 7 000 milliards de dollars en 2022, selon le FMI.

Enfin, les pays développés plaident pour l’ajout de nouveaux pays à la liste des contributeurs, avec par exemple l’intégration de la Chine, de la Corée du Sud ou des pétromonarchies du Golfe. Jusqu’à présent, 43 pays figurent sur cette liste : la plupart des pays européens dont la France, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.

La France a d’ores et déjà annoncé qu’Emmanuel Macron ne participera pas à la COP, en raison des relations diplomatiques tendues avec l’Azerbaïdjan. « Mais nous ne ferons pas la politique de la chaise vide », a promis la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Du côté des États-Unis, les promesses n’auront que peu de valeur, car elles risquent d’être annulés deux mois plus tard, lors de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche. Le milliardaire a déjà annoncé vouloir de nouveau se retirer de l’Accord de Paris.

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