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Wiko, le smartphone marseillais à l'accent chinois vise l'Europe

par Jean-François Rosnoblet

MARSEILLE (Reuters) - Avec plus de deux millions de smartphones vendus fin 2013, la société marseillaise Wiko titille les géants de la téléphonie mobile avec ses appareils assemblés en Asie qui profitent de l'explosion des ventes de mobiles sans abonnement.

Fondée en 2011 par Laurent Dahan, elle a réussi à se hisser sur la troisième marche du podium, derrière Samsung et Apple, avec 11,3 % des parts du marché des smartphones vendus en France en dehors des packs proposés par les opérateurs télécoms.

Une vraie prouesse pour la marque, qui emploie environ 80 personnes dans son siège social de Marseille et a vendu plus de deux millions de smartphones depuis le lancement de son premier terminal sous Android à la fin de l'été 2012.

Wiko fait même un carton sur le web avec 27,7 % de la vente en ligne en 2013, hors sites d'opérateurs, pour des appareils dont les prix s'étalent de 35 à environ 250 euros.

Selon une étude publiée mercredi par le cabinet d'études GFK, 15,8 millions de smartphones se sont vendus en France en 2013 et un téléphone vendu sur 4 aura été acheté sans subvention et donc sans abonnement opérateur.

L'expérience du fondateur de Wiko Laurent Dahan, qui a travaillé pendant une quinzaine d'années dans le secteur des télécoms, a été mise à profit pour faire assembler ses smartphones au meilleur prix en Asie.

"Il a anticipé le bouleversement du marché des offres sans engagement et s'est implanté avant tout le monde sur l'open market en vendant des smartphones sans subvention", dit à Reuters la directrice marketing de Wiko, Virginie Barbier.

"La stratégie a été de pénétrer ce secteur auquel quasiment aucune marque de téléphonie mobile ne s'intéressait, ce créneau représentant alors moins de 5 % des parts du marché."

UN EFFET DE L'ARRIVÉE DE FREE

La marque a surtout su profiter de l'explosion des ventes sans abonnement qui a accompagné l'arrivée de Free et de ses forfaits secs fin 2012. Les autres opérateurs ont été contraints de suivre le mouvement pour ne pas se couper d'une clientèle soucieuse de différencier l'achat du portable de son forfait.

L'entreprise marseillaise est passée sous pavillon chinois en s'adossant à Tinno, un industriel basé à Shenzhen qui est spécialisé dans la fabrication de smartphones et est déjà implanté sur les marchés indien et chinois.

"Tinno, qui détient 95 % du capital de Wiko, est un industriel avec lequel nous avons un vrai partenariat. En fonction d'un cahier des charges qu'on lui fournit, il nous propose des smartphones adaptés au marché. On répond ainsi à la demande du client", dit Virginie Barbier.

Un ticket gagnant qui permet à l'entreprise marseillaise de cibler les fans de technologie qui se renseignent sur les forums avant d'acheter leur smartphone en ligne.

"On a voulu créer une relation particulière avec les geeks et les blogueurs. D'abord parce que ce sont des passionnés de nouvelles technologies, mais surtout parce que ce sont des référents notamment sur internet" dit la directrice marketing.

NOUVEAU-NÉ

Dévoilé ces derniers jours, le dernier-né de la marque a pour mission de l'ancrer dans les smartphones haut de gamme. Il présente un processeur intégrant 8 coeurs de 2 Ghz chacun.

"On lance ainsi notre premier octocoeur, annoncé par d'autres mais que nous sommes les premiers à mettre en place. Et puis, en 2014, ce sera pour nous l'année de la 4G, avant l'été", précise Virginie Barbier.

Dans le même temps, l'entreprise met un pied chez un premier opérateur. Elle développe depuis décembre un partenariat non exclusif avec Bouygues sur l'offre B&You.

La firme marseillaise affirme clairement ses prétentions à moyen terme : conforter ses parts sur le marché français mais aussi se développer à l'international.

La marque a déjà des filiales en Espagne, au Portugal et en Allemagne, bientôt au Royaume-Uni et en Belgique.

Sur un marché en forte croissance, l'appétit de Wiko grandit malgré la concurrence de plus en vive de nouveaux acteurs alléchés par les perspectives de la téléphonie mobile.

"C'est une stratégie qui est gagnante aujourd'hui et l'arrivée de nouveaux acteurs ne nous fait pas peur. Il y a encore un relais de croissance énorme, tant pour eux que pour nous", conclut la directrice marketing de Wiko.

Edité par Yves Clarisse