Un prêtre français enlevé dans le nord du Cameroun

UN PRÊTRE FRANÇAIS ENLEVÉ DANS LE NORD DU CAMEROUN (Reuters)

PARIS (Reuters) - Tout sera fait pour libérer le prêtre français enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du Cameroun, une zone dangereuse proche du Nigeria, a déclaré jeudi François Hollande. Le président français a rappelé que le père Georges Vandenbeusch, qui est âgé de 42 ans, avait été enlevé dans la même zone que la famille Moulin-Fournier, kidnappée en février dernier et libérée deux mois plus tard. "Tout doit être fait et sera fait pour qu'il puisse être libéré dans les meilleurs délais", a dit François Hollande lors d'une conférence de presse à Monaco. Une enquête pour "enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste" a été ouverte par le parquet de Paris et confiée à la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), a-t-on appris de source judiciaire. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a également dit que tous les moyens étaient déployés pour tenter de localiser le curé de la paroisse de Nguetchewe, située dans le nord du Cameroun, à 30 km de la frontière avec le Nigeria. "Ce prêtre a été informé que c'est une région extrêmement dangereuse, néanmoins il avait voulu continuer à rester là bas", a-t-il rappelé aux journalistes, en marge d'une conférence sur le terrorisme au Sahel organisée à Rabat, au Maroc. Cette région a été classée en "zone rouge" par le ministère des Affaires étrangères en raison des menaces terroristes. Un responsable religieux local a dit à Radio France Internationale (RFI) que des hommes armés avaient fait irruption dans l'église de la paroisse pour réclamer de l'argent. VALISE ABANDONNÉE Après avoir découvert le prêtre français, ils l'ont forcé à marcher pieds nus à travers le village et ont pris la fuite à moto, a déclaré Henri Djionyang, vicaire général de Maroua. "Selon un chef de village, des motos ont franchi plus tard la frontière nigériane et leurs pilotes ont commencé à exulter. Donc il est probable qu'ils aient emmené le prêtre au Nigeria", a-t-il dit à RFI. Selon l'évêque de Nanterre, le père a entendu les ravisseurs et eu le temps d'appeler l'ambassade de France à Yaoundé avant d'être enlevé par une quinzaine d'hommes. Une valise lui appartenant, et contenant seulement un chéquier, a été retrouvée sur la route allant au Nigeria, a ajouté Mgr Gérard Daucourt, lors d'un conférence de presse. Le député UMP Alain Marsaud, dont la Xe circonscription (Français de l'étranger) recouvre le Cameroun, a rapporté que le père Vandenbeusch avait été enlevé "dans un monastère, où il était le seul Blanc." "Les autorités camerounaises (...) ont tenté de récupérer notre otage et les malfaiteurs, mais à l'heure qu'il est, nous n'avons pas de nouvelles de la récupération. Donc il est à craindre qu'il soit amené vers le secteur de la frontière du Nigeria", a ajouté Alain Marsaud sur i>Télé. Des témoins locaux ont rapporté que les hommes parlaient anglais et haoussa, l'une des principales langues du Nigeria avec l'anglais, selon RFI. La province de l'extrême nord camerounais est francophone. Contacté par Reuters, le gouverneur de cette province, Augustine Fonka Awa, a également dit craindre que le prêtre ait été emmené au Nigeria. Il ajouté qu'il se rendait à Nguetchewe avec des forces armées pour enquêter. UN FRANÇAIS "VAUT" 5 À 10 MILLIONS DE DOLLARS Le prêtre aurait été enlevé par les islamistes nigérians de Boko Haram, selon des médias français. Ce groupe est à l'origine du rapt d'une famille de ressortissants français le 19 février dernier dans le nord du Cameroun. Les trois adultes et quatre enfants ont été libérés le 19 avril après 60 jours de captivité. Mais Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay, a dit ne pas pouvoir "se prononcer sur une piste en particulier". Pour Alain Marsaud, "on prend quelque risque en disant que c'est Boko Haram". "Aujourd'hui, a-t-il expliqué, n'importe qui peut être tenté d'enlever un Français". Il affirme qu'un Français aujourd'hui, "'vaut' entre cinq et dix millions de dollars". L'Etat français a pour position officielle de ne pas verser de rançon aux ravisseurs présumés de ses ressortissants dans le monde. Une centaine de Français résident dans l'extrême nord du Cameroun, selon Alain Marsaud. Avant de partir pour le Cameroun en 2011, le père Vandenbeusch avait officié neuf ans en banlieue parisienne dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Sceaux (Hauts-de-Seine). Sophie Louet, Marion Douet et John Irish, avec Emile Picy, Tansa Musa à Yaoundé et Aziz El-Yaakoubi à Rabat, édité par Yves Clarisse