Publicité

Toutes les pistes étudiées face au "mystère" du vol 370

par Eveline Danubrata et Nguyen Phuong Linh KUALA LUMPUR/ILE DE PHU QUOC Vietnam (Reuters) - La disparition brutale d'un avion de la compagnie Malaysian Airlines avec à son bord 239 personnes est un "mystère aéronautique sans précédent", a déclaré lundi le responsable de l'enquête, qui n'exclut toujours aucune hypothèse, y compris celle d'un détournement. "Malheureusement, nous n'avons rien trouvé qui ressemblerait à des débris de l'avion, sans parler de l'avion lui-même", a souligné le directeur de l'Aviation civile malaisienne, Azharuddin Abdul Rahman, lors d'une conférence de presse. Dix pays ont dépêché des dizaines de navires et d'avions pour quadriller une vaste zone maritime entre la Malaisie et le sud du Vietnam plus de deux jours après la disparition, samedi aux premières heures, du vol 370 à destination de Pékin. Les investigations se concentrent sur au moins deux passagers qui voyageaient sous une fausse identité. Un haut responsable de la police malaisienne a déclaré qu'à plusieurs reprises par le passé, des individus porteurs de passeports faux ou volés et d'explosifs avaient été arrêtés à l'aéroport de Kuala Lumpur alors qu'ils voulaient embarquer dans un avion. "Il y a eu deux ou trois incidents, mais je ne vous dévoilerai pas les détails", a-t-il dit. La Chine, concernée au premier chef car les deux tiers environ des passagers (154) sont chinois, a annoncé l'envoi d'inspecteurs en Malaisie pour enquêter sur ce point. Le Boeing 777-200ER, qui avait décollé une heure avant de Kuala Lumpur, a disparu des écrans radar alors qu'il volait à une altitude de 35.000 pieds (10.670 m). Hanoï a envoyé lundi matin en urgence des équipes héliportées après avoir repéré un objet jaune flottant qui aurait pu être un canot de sauvetage embarqué à bord d'avions de ligne, mais il s'est agi d'une fausse alerte. Un avion de patrouille maritime P-3 de l'US Navy envoyé dans le nord du détroit de Malacca, capable de couvrir chaque heure une superficie de près de 4.000 km2, est pour l'instant resté bredouille. "Nos appareils sont capables de détecter des petits débris en mer, mais jusqu'ici, ce n'étaient que des déchets ou des morceaux de bois", a déclaré un porte-parole de la 7e Flotte américaine. DÉSINTÉGRATION ? Aucun signal de détresse n'a été envoyé par l'avion, ce qui suggère une défaillance mécanique soudaine ou une explosion. "Le fait que nous soyons toujours incapables de trouver des débris semble indiquer que l'appareil s'est probablement désintégré à environ 35.000 pieds", a déclaré dimanche une source proche de l'enquête. Les Etats-Unis ont examiné minutieusement les images de leurs satellites espions dans la région pour trouver des indices d'une explosion en plein vol, mais n'ont rien trouvé, a indiqué un responsable du gouvernement américain. La disparition de l'appareil malaisien rappelle celle du vol 447 d'Air France qui assurait la liaison Rio de Janeiro-Paris le 1er juin 2009. L'Airbus A330 s'était abîmé dans l'Atlantique. De premiers débris ne furent retrouvés que deux jours plus tard. Il s'agit probablement de l'accident le plus grave d'un Boeing 777-200ER depuis son entrée en service en 1995. Un Boeing 777-200ER d'Asiana Airlines s'était écrasé à l'atterrissage à San Francisco le 6 juillet 2013. Trois passagers avaient péri. Parmi les 227 passagers figurent une majorité de Chinois (154) et des ressortissants d'au moins 11 autres pays, dont 38 Malaisiens, six Australiens, quatre Français et trois Américains. Les passagers français, une mère, ses deux enfants et une de leurs connaissances, voyageaient ensemble, a indiqué l'entourage de la ministre des Français de l'étranger, qui a précisé que les trois jeunes sont élèves au lycée français de Pékin. Paris a proposé son aide pour les recherches. FAUX PASSEPORTS Interpol, l'organisation internationale de coopération policière, a confirmé dimanche qu'elle enquêtait sur des passeports potentiellement suspects présentés par plusieurs passagers. Il a déjà été établi que deux passagers avaient utilisé des passeports volés, l'un italien, l'autre autrichien. Reconnaissant implicitement un défaut de sécurité à l'aéroport de Kuala Lumpur, où les deux passagers ont embarqué avec les passeports déclarés comme volés par leurs détenteurs, le Premier ministre malaisien Najib Razak a annoncé une révision des procédures de contrôle. Le Financial Times rapporte qu'une voyagiste thaïlandaise qui s'est occupée du dossier de ces deux passagers a déclaré qu'elle leur avait réservé ce vol vers Pékin parce qu'il s'agissait du moins cher disponible. Basée à Pattaya, cette voyagiste a déclaré qu'un contact d'affaires iranien, qu'elle connaît seulement sous le nom de M. Ali, lui avait demandé de réserver des billets pour les deux hommes le 1er mars, ce qu'elle a fait. Les réservations ont ensuite expiré et son contact lui a demandé le 6 mars d'en réserver deux autres. Elle a précisé au journal que M. Ali l'avait payé en liquide et qu'elle réservait régulièrement pour son compte, excluant qu'il soit lié à une action terroriste. Un diplomate européen en poste à Kuala Lumpur a souligné quant à lui que la capitale malaisienne était un centre de transit pour les immigrés clandestins d'Asie qui cherchent à rejoindre l'Europe grâce à de faux documents via des routes complexes passant par Pékin ou l'Afrique de l'Ouest. (avec Michael Perry; Julien Dury et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)