Solidaires
Osons regarder la vérité en face : nous sommes toutes et tous, d’une façon ou d’une autre, responsables du drame de Dacca. Et mieux vaudrait tourner ces pages sans les lire plutôt que s’indigner devant tant d’horreur avant, sans même y réfléchir, de céder en un clic (ou dans les boutiques) aux dernières tendances de la mode à prix cassés. L’effondrement du Rana Plaza nous touche car les images, les cris, les larmes nous sautent au visage. Et, d’un coup, nous placent face à nos contradictions. Mais pour un drame médiatique comme celui-ci combien d’incendies, combien de coups mortels et de mauvais traitements passés sous silence. Le Rana Plaza «devrait être un point de non-retour», a affirmé ce coordinateur d’ONG à notre reporter sur place. Prenons-le au mot. Si nous sommes toutes et tous responsables de cette tragédie, cela signifie que nous avons aussi le pouvoir de peser sur ceux qui, directement ou indirectement, l’ont provoquée, là est la bonne nouvelle. L’accord conclu le 15 mai par le collectif Clean Clothes Campaign avec plus de 30 entreprises textiles occidentales est un premier pas. Il permettra de financer des audits indépendants et de rénover des usines. Mais cela ne suffira pas à garantir des conditions de vie et de travail minimum aux ouvrières et ouvriers textiles du Bangladesh et d’ailleurs. Ne recourons surtout pas au boycott (tel est le conseil, dans ces colonnes, d’une ancienne ouvrière devenue activiste), car cela priverait beaucoup de leurs moyens de subsistance, mais exigeons une traçabilité claire de ces produits afin que certaines marques ne soient pas tentées de délocaliser l’horreur. Faisons tout pour que personne n’oublie Dacca. Nous, médias, compris.
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