Roberto Bolaño, le fleuron d’Anagrama

Roberto Bolaño surgit dans la vie de Jorge Herralde, fondateur barcelonais d’Anagrama, comme une bombe deux fois à retardement : c’est le dernier fleuron d’un éditeur renommé et il n’explose véritablement qu’après sa mort par arrêt du foie, à 50 ans, en juillet 2003. Leur pays fertile n’a duré que sept ans, c’est l’âge de déraison. La mort évite la suite, et bien des déceptions. Herralde est l’un des grands éditeurs espagnols, figure de l’émancipation antifranquiste. Les premiers titres qu’il a publiés en 1969 étaient Détails de Hans Magnus Enzensberger, Laclos de Roger Vailland, le Métier de vivre de Pavese, Baudelaire de Sartre. Son catalogue accueille ensuite Javier Marías, Enrique Vila-Matas, Àlvaro Pombo, Sergio Pitol, Alan Pauls, Truman Capote, Nabokov, Martin Amis, Ian McEwan, Bret Easton Ellis. Il publie également Echenoz, Toussaint, Despentes, Carrère. Il a 60 ans lorsqu’un poète chilien méconnu lui envoie, en 1996, une suite de nouvelles intitulée : la Littérature nazie en Amérique. Ce sont les vies imaginaires d’auteurs sud-américains ratés qui, tous, de manière délirante et ridicule, ont été fascistes ou nazis. Leur ratage est une démonstration du mal par l’absurde. Le réacteur Bolaño dégage une puissance narrative aussi naturelle qu’extraordinaire. L’intelligence est simplifiée par le récit. Le manuscrit a été tapé sur le vieil ordinateur, petit écran et grande largeur, que Bolaño utilisera jusqu’à la fin. «Le texte était écrit avec soin, il n’y avait aucun travail à faire dessus, se souvient Herralde. J’ai aussitôt aimé les liens avec Marcel Schwob, Borges, Rodolfo Wilcox.» Bolaño a 43 ans. Après une vie intellectuelle errante au Mexique et ailleurs, il s’est installé sur la côte catalane, à Blanes. Sa mère, arrivée en Espagne en 1975, vit toujours à Barcelone. Il l’a longtemps aidée dans son atelier de bijouterie. Sa femme et ses enfants habitent dans un appartement. Il travaille à côté, calle del Loro, dans un studio où son futur éditeur ne (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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