Réaction prudente d'Obama à l'initiative russe sur la Syrie

Dans une série de six interviews télévisées accordées lundi à la Maison blanche, Barack Obama a réagi plutôt positivement à la proposition russe de placer les armes chimiques de la Syrie sous contrôle international tout en disant vouloir maintenir la pression sur Damas. /Photo prise le 9 septembre 2013/REUTERS/Pete Souza/Maison blanche

par Roberta Rampton et Thomas Ferraro WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a réagi plutôt positivement lundi à la proposition russe de placer les armes chimiques de la Syrie sous contrôle international tout en disant vouloir maintenir la pression sur Damas en demandant au Congrès d'autoriser le principe de frappes militaires contre Damas. Dans une série de six interviews télévisées accordées lundi pour tenter de convaincre un Congrès indécis et une opinion publique plutôt hostile à une intervention en Syrie, Barack Obama a souligné que sa préférence allait à une solution diplomatique en Syrie et que la proposition russe, si elle s'avérait sérieuse, pourrait éviter des frappes. Pour laisser le temps aux élus d'étudier la proposition russe, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a repoussé le vote du Sénat sur l'autorisation de frappes américaines en représailles à l'attaque chimique du 21 août dernier près de Damas, qui était prévu mercredi. Un vote devrait toutefois se tenir cette semaine. Un vote, plus difficile, devrait également avoir lieu ultérieurement à la Chambre des représentants, dominée par les républicains. "Ce pourrait être potentiellement une avancée importante", a déclaré Barack Obama sur NBC News à propos de la proposition russe concernant les armes chimiques syriennes. "Mais nous nous devons d'être sceptiques parce que ce n'est pas la manière dont nous les avons vu fonctionner ces deux dernières années", a-t-il ajouté en référence à la guerre civile qui a commencé en 2011. Si la Syrie agissait ainsi, cela interromprait "absolument" une action militaire américaine, a déclaré Obama sur ABC News. Mais, les responsables de son administration ont souligné que la proposition russe n'allait pas pour autant empêcher la recherche de l'aval du Congrès à d'éventuelles frappes, en soulignant que c'étaient elles qui avaient motivé l'offre russe. Pour se faire entendre, le président prévoit, en plus des six interviews, de se rendre au Congrès mardi pour défendre son dossier devant les élus démocrates et républicains avant de s'adresser au pays mardi soir. La proposition russe est intervenue lundi quelques heures après que le chef de la diplomatie américaine John Kerry eut suggéré en creux, en réponse à la question d'un journaliste à Londres, que le président Bachar al Assad pouvait éviter des frappes militaires en livrant son arsenal chimique. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, a salué la proposition russe, sans dire si la Syrie s'y confirmerait. "RECEVABLE" Le Royaume-Uni et la France lui ont apporté un soutien hésitant. La France a jugé "recevable" la proposition russe mais à "au moins trois conditions", dont l'engagement de Damas à détruire l'ensemble de cet arsenal, sur la base d'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu, avec des "conséquences fermes" si Assad ne respecte pas ses engagements. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a dit pour sa part lundi qu'il pourrait demander au Conseil de sécurité de l'Onu de surmonter sa paralysie et d'ordonner à Damas de transférer ses stocks d'armes chimiques vers des sites où ils peuvent être conservés en sécurité et être détruits. Sur CNN, Obama a déclaré qu'un éventuel effort diplomatique devait être sérieux. "Et nous ne voulons pas simplement des manoeuvres dilatoires pour écarter la pression (...)", a déclaré le président. "Nous devons maintenir cette pression et c'est pourquoi je vais m'adresser au pays demain pour dire pourquoi je pense que ceci est aussi important", a-t-il ajouté. Un sondage Reuters-Ipsos réalisé entre les 5 et 9 septembre et publié lundi montre que les Américains sont de plus en plus opposés à des frappes en Syrie. Ils sont 63% à se dire contre cette option, contre 53% lors d'une précédente enquête fin août. Sur la chaîne de télévision PBS, Barack Obama a confirmé qu'il avait discuté avec Vladimir Poutine de la possibilité d'une solution diplomatique concernant la Syrie la semaine dernière à l'occasion du sommet du G20. Sur CNN, Barack Obama a souligné qu'une avancée à propos du contrôle des armes chimiques syriennes ne résoudrait pas "le terrible conflit sous-jacent à l'intérieur de la Syrie". "Mais, a-t-il ajouté, si nous pouvons accomplir cet objectif limité sans agir militairement, ce serait ma préférence." Deux figures républicaines du Sénat américain, John McCain et Lindsey Graham, ont déclaré lundi que la possibilité de voir le président syrien Bachar al Assad renoncer au contrôle de ses armes chimiques était de nature à faciliter un vote positif du Congrès américain sur le recours à des frappes militaires ciblées. Avec Patricia Zengerle, Roberta Rampton, Mark Felsenthal et Steve Holland; Danielle Rouquié pour le service français