Obama veut convaincre sur la Syrie, le Sénat repousse son vote

Lors d'un discours à la nation, Barack Obama va s'employer à convaincre mardi les élus du Congrès et le peuple américain de la nécessité de maintenir une pression forte sur la Syrie, même si Washington étudie une alternative diplomatique à des frappes militaires. /Photo prise le 10 septembre 2013/REUTERS/Jason Reed

par Roberta Rampton et Patricia Zengerle WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama va s'employer à convaincre mardi les élus du Congrès et le peuple américain de la nécessité de maintenir une pression forte sur la Syrie, même si Washington étudie une alternative diplomatique à des frappes militaires. Le président américain a demandé fin août le feu vert du Congrès à une opération punitive contre Damas, que Washington accuse d'un massacre à l'arme chimique le 21 août. Dans un discours à la nation attendu à 21h00, il mettra au crédit de sa fermeté l'"avancée importante", selon ses termes, que constitue l'offre russe, dévoilée lundi et acceptée par la Syrie, d'une mise sous tutelle internationale de l'arsenal chimique syrien. "Pour que cette solution diplomatique ait une chance de réussir, il faut maintenir la menace d'une action militaire américaine - une menace crédible et réelle", a expliqué le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, lors d'une audition devant une commission du Congrès. L'administration Obama peine cependant à convaincre un Congrès réticent face à ce projet très impopulaire dans l'opinion américaine. Au Capitole, on réclame désormais une pause afin que l'administration puisse étudier dans le détail l'offre russe. Le Sénat a repoussé la perspective d'un vote sur la résolution de la Maison blanche autorisant le recours à la forme armée contre la Syrie. Les responsables du Congrès souhaitent voir ce que donnera la proposition de Moscou et attendent la réaction de l'opinion publique à l'allocution présidentielle. PAS DE VOTE TEST Selon des attachés parlementaires, le vote n'aura pas lieu cette semaine. Harry Reid, le chef de la majorité démocrate à la chambre haute, a renoncé à son projet d'organiser un "vote test" mercredi, après avoir dit lundi qu'il disposait des voix nécessaires à son adoption. "Le Sénat doit donner du temps, mais pas trop, à ces discussions internationales", a-t-il dit. Le chef des sénateurs républicains, Mitch McConnell, a annoncé qu'il s'opposerait à la résolution car à ses yeux, aucun intérêt vital de sécurité nationale n'est en jeu. À la Chambre des représentants, certains élus, comme le démocrate James Moran, "n'imaginent même pas qu'il y aura un vote sur la question" étant donné la forte opposition au projet, de la part des démocrates comme des républicains. Avant son allocution télévisée, enregistrée à la Maison blanche, Barack Obama a prévu de rencontrer séparément des sénateurs démocrates et républicains. "Rien n'a changé concernant notre requête au Congrès", a déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry. "Mais le président pourrait vouloir discuter du quand et du comment" avec les dirigeants du Congrès, a-t-il dit. "PRESSIONS" Le porte-parole du président, Jay Carney, a déclaré que Barack Obama continuerait d'encourager le Congrès à approuver l'usage de la force. Concernant l'initiative russe, il a salué un "développement positif" et le "résultat évident des pressions qui ont été exercées sur la Syrie". "Il notera aussi, comme il l'a fait la nuit dernière en réponse aux questions des chaînes de télévision, qu'il y a des progrès possibles sur le front diplomatique en raison de la menace crédible que constitue la force militaire américaine." Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, qui a annoncé la semaine dernière qu'il voterait en faveur de la résolution, a demandé à Obama de se montrer plus convaincant, notant que l'opinion y était toujours défavorable. Du côté des partisans d'une action plus résolue contre le gouvernement syrien, le sénateur républicain John McCain s'est dit "extrêmement sceptique" quant aux chances de réussite d'une solution diplomatique, ajoutant cependant que ce serait une erreur de ne pas essayer. "Certains d'entre nous sont prêts à travailler sur une modification de la résolution du Congrès qui fixerait des dates butoir et des conditions strictes", a-t-il dit sur CBS. Il s'agirait d'imposer une date butoir à la Syrie pour qu'elle restitue ses armes chimiques. Ce projet de résolution est défendu par huit sénateurs, quatre démocrates et quatre républicains, dont John McCain. Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser