Mandat d'arrêt européen pour retrouver le braqueur Redoine Faïd

Le braqueur Redoine Faïd s'est évadé samedi de manière spectaculaire, à l'aide d'explosifs après avoir pris en otage quatre surveillants de la prison de Sequedin (Nord), et fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen. Il était détenu, notamment, pour une tentative d'attaque à main armée qui avait coûté la vie à une policière municipale en mai 2010. Le fugitif fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen diffusé "dans l'ensemble de l'espace Schengen", a annoncé la garde des Sceaux Christiane Taubira, lors d'un point-presse devant la prison. L'établissement se trouve dans la banlieue de Lille, à quelques kilomètres, une quinzaine tout au plus, de la frontière belge. Au moins une centaine de policiers et gendarmes étaient mobilisés pour retrouver le braqueur âgé de 40 ans, selon le parquet de Lille. Cette évasion, qualifiée d'"acte de guerre" par les syndicats de surveillants, a débuté vers 08H30, lors d'un parloir où ce "détenu particulièrement dangereux", selon le procureur de Lille, a pris à l'aide d'une arme à feu quatre surveillants de la maison d'arrêt en otage, avant de quitter l'établissement une demi-heure plus tard, au terme d'un scénario digne d'un roman policier. Tous les otages ont été libérés sur l'itinéraire de fuite de Redoine Faïd, et sont sains et saufs. Extrêmement choqués, ils ont été placés en observation médicale, mais tous avaient pu sortir de l'hôpital en milieu d'après-midi. Une cellule de crise a été mise en place dans l'établissement pénitentiaire. La garde des Sceaux, Christiane Taubira, arrivée sur place peu avant 17H00, a réfuté toute "faille" de la part des surveillants. Cette évasion "a été préparée avec minutie", puisqu'il "avait des complices qui l'attendaient à l'extérieur" et qu'il "a usé d'armes et d'explosifs à l'intérieur de la prison", a souligné la CGT pénitentiaire. Cela implique, selon la CGT, "que des armes, des explosifs, un téléphone portable ont pu entrer dans le centre pénitentiaire", rappelant qu'avec d'autres syndicats ils ont "demandé à plusieurs reprises une fouille générale de l'établissement" sans être écoutés. Le syndicat FO-direction a affirmé pour sa part qu'au moment où Redoine Faïd prenait "plusieurs fonctionnaires pénitentiaires en otages pour couvrir sa fuite", des détenus "d'un bâtiment alors en promenade refusaient de réintégrer". Cet incident "concomitant pourrait laisser penser à une planification possible des événements". Selon une source syndicale, Redoine Faïd devait rencontrer son frère lors d'un parloir, sans qu'on sache si la rencontre avait pu avoir lieu avant l'évasion. "Je croyais que c'était ma dernière heure. Tout d'un coup, tout a sauté. Tous les murs ont bougé, même les carreaux des portes. J'ai eu vraiment peur", a témoigné Rose Lafont, qui rendait visite à son fils à la maison d'arrêt. Il y aurait eu cinq explosions, détruisant cinq portes de l'établissement, a précisé Etienne Dobremetz, du syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa. Redoine Faïd aurait ensuite pris la fuite à bord d'un premier véhicule, qu'il a abandonné et aurait incendié sur l'A25 à hauteur de Ronchin, puis est monté dans un second véhicule qui était activement recherché, selon la préfecture du Nord. Il aurait d'abord relâché un des otages juste après avoir quitté la prison, puis un autre plus loin, au niveau d'un pont, et enfin les deux derniers au niveau de la RN 41, selon M. Dobremetz. Les enquêteurs de la police judiciaire de Lille et de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), co-saisis de l'enquête, recherchaient d'éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le fugitif. Redoine Faïd avait publié fin 2010 un livre où il raconte son itinéraire de délinquant des cités, s'y affirmant spécialiste --mais ayant tourné la page-- des attaques de fourgons blindés. Il avait été interpellé le 28 juin 2011 près de Lille et incarcéré pour violation de sa liberté conditionnelle liée à sa condamnation pour un braquage. Quelques mois plus tôt, il avait échappé de peu à une série d'interpellations dans le cadre de l'enquête sur la fusillade qui avait coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet, 26 ans, en mai 2010 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Dans cette affaire, il a été mis en examen en juillet 2011 pour "association de malfaiteurs en vue de préparer un crime", "tentative de meurtre avec préméditation sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "vol avec arme en bande organisée". La maison d'arrêt de Sequedin abrite environ 800 détenus pour 638 places, et 220 surveillants selon l'Ufap-Unsa. Les syndicats ont dénoncé samedi un "acte de guerre", le syndicat FO-Pénitentiaire allant jusqu'à réclamer la démission "dès aujourd'hui" du directeur de l'administration pénitentiaire et de la ministre de la Justice. Le secrétaire national de l'UMP en charge des prisons Stéphane Jacquot a fustigé samedi dans un communiqué "la désorganisation et l'insécurité croissante des prisons". M. Jacquot estime que "la sécurité n'est plus la priorité du gouvernement et que Christine Taubira est certainement trop occupée par le mariage pour tous pour s'intéresser à la prison et à ses personnels". Le secrétaire national de l'UMP s'étonne que "le directeur de l'administration pénitentiaire, son adjoint et son cabinet ne comporte aucun cadre pénitentiaire tout comme (le) cabinet (de la ministre)", et demande que les personnels pénitentiaires retrouvent "leur juste place au sein de leur propre administration".