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Mélenchon dénonce l'attitude de Hollande sur la Syrie

PARIS (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon, hostile à une intervention militaire en Syrie, a accusé dimanche François Hollande de mener une politique "un peu simplette" d'alignement sur les Etats-Unis et a dit douter qu'il "maîtrise sa position" sur le conflit syrien. Invité du "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro, le coprésident du Parti de gauche a estimé que l'organisation en France d'un vote sur d'éventuelles frappes allait "de soi" et que le chef de l'Etat n'était pas "le monarque qui décide de la guerre". Il a par ailleurs appelé Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, à "se ressaisir" après qu'il a dénoncé sur Radio J l'"esprit munichois" de la droite et a dénoncé une accusation "absurde". "Il faut être prudent et sortir de cette attitude un peu simplette qui fait que lorsqu'il y a un abcès de fixation quelque part qui a été désigné par les Nord-Américains, tout le monde se précipite", a déclaré Jean-Luc Mélenchon à l'intention de François Hollande, qui se trouve isolé après la décision de Barack Obama de consulter le Congrès américain. "Il n'est pas sûr qu'il la maîtrise sa position, car tout le monde a pu observer de grandes oscillations, tantôt pour la solution politique, tantôt pour armer les 'rebelles' (...), tantôt pour intervenir comme ces jours derniers et puis tout d'un coup, il se trouve quasi tout seul aligné sur les éléments les plus durs du système nord-américain", a-t-il jugé. "Je propose que de temps à autre, on ait au moins la pudeur de traiter les événements avec le sang-froid qu'ils méritent", a ajouté le coprésident du Parti de gauche. "LA GUERRE OU LA PAIX, C'EST LE PARLEMENT QUI DÉCIDE" Quant à un vote sur une participation française à une intervention armée, réclamé publiquement par la droite, Jean-Luc Mélenchon considère que "cela va de soi" et que l'argument constitutionnel avancé par l'exécutif est "tout à fait incroyable". "Les Anglais auront voté, les Allemands vont voter, les Nord-Américains vont voter, le seul pays où on ne vote pas, et où une personne toute seule décide, c'est nous!", a-t-il lancé. "Le président de la République est le chef des armées, il n'est pas le monarque qui décide de la guerre. La guerre ou la paix, c'est le Parlement qui le décide", a-t-il poursuivi, rappelant le vote qui avait présidé à la première guerre du Golfe (1990-1991) sous mandat de l'Onu. Quant à l'attaque de Harlem Désir contre l'opposition de droite, réservée sur une intervention, Jean-Luc Mélenchon estime qu'elle "n'a pas de sens". "Ça n'a pas de sens de traiter de 'munichois' quelqu'un qui n'est pas de votre avis", a-t-il commenté. "Je rappelle à Harlem Désir que quand il était contre la première intervention dans la Guerre du Golfe (...) et que SOS Racisme manifestait dans les rues aux cris de 'Mitterrand assassin', lui aussi n'aimait pas qu'on le traite de munichois", a-t-il poursuivi. "Répéter l'Histoire et considérer que Bachar al Assad représenterait pour nous un danger équivalent à ce qu'était le nazisme est absurde. C'est une relativisation du nazisme qui est intolérable", a affirmé Jean-Luc Mélenchon. Sophie Louet