A Long Branch, le New-Jersey désabusé

La petite station balnéaire de la côte est s'est réveillée dans un décor d'apocalypse, et ses habitants découvrent l'ampleur des dégâts.

Par delà la baie, c'est comme si un géant s'était amusé à un jeu de quilles avec les bateaux. Un voilier est couché à même le sol, son mât cassé, à trois mètres au dessus de l'eau. Plus loin, un yacht est monté sur un autre, sa proue ouverte. Tout près, le petit pont qui mène à la plage de Long Branch, sur la côte du New Jersey, est fermé par la police.

«Plus personne ne passe», dit un officier, «il y a encore beaucoup d'eau de ce coté et nous préférons que tout le monde soit en sécurité. Pas besoin de risquer quoi que ce soit après une catastrophe pareille». Au lendemain du passage de Sandy, Long Branch, petite station balnéaire du New Jersey, est méconnaissable. Dans les rues, les habitants tentent tant bien que mal de sauver ce qu'il est encore possible, dans des maisons qui ont été ravagées par la montée des eaux.

Devant chez lui, Peter Lahey montre les trois pompes qui aspirent sa cave et son rez de chaussée. Ses pieds sont nus, invisibles sous l'eau salée qui commence se retirer doucement. «La nuit dernière, ce n'était pas l'enfer, c'était l'apocalypse», dit-t-il doucement, des larmes dans les yeux, «le vent soufflait en bourrasques terribles et a fait trembler tous les murs de ma maison. Puis soudain, l'eau est arrivée de la baie comme un torrent. J'ai paniqué et j'ai demandé à ma femme de partir. Moi je suis resté mais à un moment j'avais de l'eau jusqu'aux genoux».

Tout au long de la route 35, qui longe la côte du New Jersey, le paysage est le même. A chaque fois que l'on veut se rapprocher de la mer, chaque virage cache un arbre qui s'est mis en travers du chemin. Les maisons n'ont plus d'électricité et les câbles pendent dans les rues, balayés par le vent. Du coté de Red Bank, plus au nord, c'est une dizaine d'arbres qui se (...)

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