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Libéralisation des ventes de lunettes et de lentilles en ligne

Les députés français ont entériné, dans le cadre de l'examen du projet de loi sur la consommation, la libéralisation de la vente de lunettes et de lentilles sur internet afin de faire baisser leur prix, qui serait en France deux fois supérieur à ce qui est pratiqué en Allemagne ou en Italie. /Photo d'archives/REUTERS/Brian Snyder

PARIS (Reuters) - Les députés français ont entériné lundi la libéralisation de la vente de lunettes et de lentilles sur internet afin de faire baisser leur prix, qui serait en France deux fois supérieur à ce qui est pratiqué en Allemagne ou en Italie. Comme l'avaient fait les sénateurs, ils ont approuvé, avec le soutien du gouvernement, des amendements en ce sens dans le cadre de l'examen du projet de loi sur la consommation. Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, et sa collègue de la Famille, Dominique Bertinotti, ont défendu devant l'Assemblée la libéralisation de ce secteur. "Faire baisser les prix ne se fera pas au détriment de la qualité et de la sécurité, ni de la santé publique", a déclaré Benoît Hamon sur RTL, malgré la colère des opticiens. "Il y avait une situation de rente économique (...), c'est la raison pour laquelle je propose qu'on réglemente ce marché", a-t-il ajouté, chiffrant l'impact sur le pouvoir d'achat à 1,3 milliard d'euros avec une baisse des prix de 25%. Le fondateur du site de rencontres Meetic, Marc Simoncini, qui a créé un site de vente de lunettes et de lentilles, estime quant à lui la baisse de prix potentielle à 50%. Dans son rapport sur la sécurité sociale, la Cour des comptes a constaté que le marché de l'optique était "opaque et peu concurrentiel" avec pour conséquence des "prix élevés". En 2011, le marché total de l'optique correctrice était estimé à 5,3 milliards d'euros, dont 199 millions remboursés par l'assurance maladie et 3,65 milliards par les mutuelles. "Il convient de rendre le marché plus transparent et concurrentiel en développant de nouveaux modes d'acquisition de produits, notamment par internet", disait la Cour en septembre. L'OPPOSITION CONTRE LA LIBÉRALISATION L'opposition UMP et UDI (centriste), mais aussi le Front de gauche, sont hostiles à cette libéralisation qui, disent-ils, "porte atteinte au monopole des opticiens". Parmi les autres amendements soumis au vote des députés figurent celui prévoyant que les ophtalmologistes inscrivent sur l'ordonnance l'écart pupillaire en plus des corrections ou bien encore celui visant à autoriser un investisseur à s'installer opticien dès lors qu'il embauche un salarié diplômé. Ces mesures faciliteraient la vente sur internet. En outre, la validité des ordonnances prescrivant des verres correcteurs ou des verres de contact serait de trois ans et les produits d'entretien de lentilles pourraient être vendus dans les supermarchés. Ces mesures ont provoqué de vives réactions chez les opticiens comme Optic 2000 ou Krys Group, alors que l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir se réjouit de la prochaine libéralisation du secteur. Dans un communiqué, cette dernière se félicite notamment de constater que les amendements confient aux "ophtalmologistes, et non plus aux opticiens, la mesure de l'écart pupillaire, nécessaire au bon centrage des verres". "Des mesures qui sécuriseront et faciliteront l'achat en ligne, tout en contribuant à diminuer les dépenses totale d'optique", affirme UFC-Que Choisir. Après le vote prévu dans la nuit de lundi à mardi du projet de loi relatif à la consommation, une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat devrait se réunir mardi afin de parvenir à un texte commun qui devrait être soumis aux votes des députés et sénateurs jeudi pour son adoption définitive. Emile Picy, édité par Yves Clarisse