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Aux Philippines, les rescapés du typhon commencent à reconstruire

par Aubrey Belford TACLOBAN, Philippines (Reuters) - Une semaine après le passage meurtrier du super typhon sur les Philippines, les rescapés ont commencé à reconstruire leurs maisons et l'acheminement de l'aide humanitaire vers les zones dévastées s'accélère. Mais, signe des difficultés sur le terrain, des cadavres sont toujours exposés à l'air libre et les sauveteurs n'ont pas encore atteint toutes les communautés touchées par la catastrophe, tandis que les Nations unies ont multiplié par deux leur estimation de personnes sans-abris en la portant à près de deux millions. L'aide internationale commence néanmoins à se concrétiser. Des hôpitaux de campagne ont été installés, les rotations de camions et d'hélicoptères se mettent en place et de l'eau et des vivres parviennent dans des endroits où des familles étaient privées de toute assistance extérieure depuis des jours. Le capitaine Victoriano Sambale, un médecin militaire qui a passé la semaine à soigner des malades avec les moyens du bord dans la ville de Tacloban, explique avoir observé le changement de braquet du déploiement humanitaire. "On voit que l'aide internationale commence à arriver", dit-il. Mais sa tâche reste immense. "Le premier jour, on a traité plus de 600 patients. Le deuxième, ils étaient plus de 700. Depuis, on ne compte plus", confie-t-il. Le président philippin, Benigno Aquino, surpris par l'ampleur de la catastrophe, devrait se rendre ce samedi dans les zones dévastées. La lenteur de la mise en place de l'aide de même que la confusion qui entoure l'estimation des pertes lui ont été reprochées. Le dernier bilan provisoire communiqué par les autorités faisait état vendredi de 3.633 morts. "J'espère que cela ne va plus augmenter. J'espère que c'est le chiffre définitif. S'il augmente encore, ce sera probablement très peu", a déclaré Eduardo del Rosario, directeur du Conseil national de gestion et de prévention des risques naturels. PRÈS DE DEUX MILLIONS DE SANS-ABRIS Le nombre de sans-abris est passé lui de 900.000 à 1,9 million, selon les Nations unies. Dans la seule ville de Tacloban, qui a essuyé le pire du passage d'Haiyan, les équipes de l'Onu ont recensé au moins 56.000 personnes vivant dans des conditions insalubres. A travers la ville, des rescapés ont commencé à reconstruire. On entend des bruits de marteau. Des hommes se regroupent pour déblayer des amoncellements de débris. La plupart semblent avoir renoncé à retrouver des disparus. Officiellement, ceux-ci sont au nombre de 1.179. La Croix-Rouge a fourni un chiffre beaucoup plus élevé -25.000-, mais reconnu que celui-ci pourrait inclure des survivants ayant trouvé refuge ailleurs. Dans la ville côtière d'Ormoc, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Tacloban, de longues files de réfugiés se sont formées. "Il y a des masses de gens qui fuient vers Ormoc, où ils passent la journée à faire la queue pour attendre un ferry avant d'être refoulés", témoigne Arnaldo Arcadio, un employé du Secours catholique. "La ville est pleine de gens qui n'ont pas mangé depuis des jours. Ils ont faim, ils ont soif et ils sont fatigués. Ils veulent partir." Certaines régions enclavées restent par ailleurs difficiles à secourir et l'approvisionnement en eau, en nourriture et en médicaments ne peut être apporté que par hélicoptère. "Nous sommes très, très inquiets pour des millions d'enfants", confiait vendredi Marixie Mercado, porte-parole de l'Unicef, le fonds de l'Onu pour l'enfance. L'effort de la communauté internationale est très généreux mais il n'apparaît toutefois pas exceptionnel compte tenu de l'ampleur du désastre, estimait pour sa part Jens Laerke, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha). Arrivé jeudi au large de la province orientale de Samar, le porte-avions américain "George Washington" devrait notamment contribuer à améliorer la situation. La Grande-Bretagne va également dépêcher le porte-hélicoptères "HMS Illustrious" et le Japon prépare l'envoi d'un millier de soldats, accompagnés de navires, d'hélicoptères et d'avions de transport. Avec Rosemarie Francisco, Eric dela Cruz et Manuel Mogato à Manille, Stephanie Nebehay à Genève; Pierre Serisier, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français