Les pays africains évacuent leurs ressortissants de Centrafrique

par Paul-Maein Ngoupana BANGUI (Reuters) - Les pays africains ont commencé à évacuer leurs ressortissants de République centrafricaine dans un contexte de violences inter-confessionnelles et de détérioration de la situation humanitaire. Malgré le déploiement des 1.600 militaires français de l'opération Sangaris et de près de 4.000 soldats de la paix africains, les affrontements entre musulmans partisans des ex-rebelles de la Séléka et milices chrétiennes "anti-balaka" ont fait plus de 1.000 morts depuis décembre. Les Nations unies estiment à 935.000 le nombre de déplacés. Les organisations humanitaires ont du mal à fournir soins et nourriture aux plus de 100.000 personnes qui sont regroupées dans le principal camp de réfugiés, à l'aéroport de Bangui. Le gouvernement malien a affrété deux vols pour évacuer environ 500 de ses ressortissants dimanche. Vendredi dans la nuit, 150 Nigériens sont arrivés à Niamey. "Je ne peux pas dire s'il y a eu des agressions contre des Maliens, mais la plupart des pays ont désormais décidé par précaution de faire rentrer leurs ressortissants", a déclaré le porte-parole du gouvernement malien, Mahamane Baby. Le Tchad a rapatrié environ 12.000 personnes ces derniers jours par terre ou par air. Ce total apparaît plus élevé que celui des autres pays parce que les Tchadiens sont visés par les chrétiens qui accusent les forces tchadiennes de soutenir les ex-rebelles de la Séléka, bien que le Tchad ait démenti. Le Sénégal a quant à lui rapatrié plus de 200 personnes cette semaine. RETOURNER AU TRAVAIL En France, le soutien de l'opinion à l'intervention militaire en République centrafricaine s'effrite, selon un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche diffusé samedi. Seules 41% des personnes interrogées s'y déclarent favorables, contre 51% au début de l'intervention, il y a un mois. Samedi matin, des coups de feu en provenance d'un quartier nord de la capitale ont été entendus par un journaliste de Reuters à Bangui, dans un secteur qui avait déjà été touché par des obus cette semaine. On ne sait pas s'il y a eu des victimes. Dans un message radio-diffusé qui résonne étrangement compte tenu du quotidien vécu à Bangui, le gouvernement provisoire a appelé samedi les Centrafricains à retourner au travail. "Le pays est tombé et l'économie nationale est au fond de l'abysse. C'est pourquoi les fonctionnaires doivent retourner au travail dès le 6 janvier pour donner une impulsion au pays", a déclaré le ministre des Travaux publics, Gaston Makozangba, dans un message diffusé plusieurs fois sur les ondes de la radio publique. Le coût de la nourriture a fortement augmenté à Bangui. Un journaliste de Reuters a pu constaté que le prix du riz avait doublé pour atteindre 1.000 francs CFA le kilo (1,50 euro) en un peu plus d'un mois. Avec Abdoulaye Massalatchi au Niger,; Tiemoko Diallo à Bamako et Diadie Ba à Dakar; Danielle Rouquié pour le service français