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Les exportations assombrissent les perspectives du Japon

par Tetsushi Kajimoto et Stanley White

TOKYO/OTSU (Reuters) - La croissance annuelle des exportations japonaises en février est ressortie à un niveau inférieur aux attentes, douchant les espoirs d'un amortissement par le dynamisme des ventes à l'étranger du choc pour l'économie de la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Une enquête menée par Reuters montre d'ailleurs que la confiance des manufacturiers japonais, restée stable ce mois-ci, devrait baisser dans les mois à venir en raison de la hausse de la TVA. Cette dernière, actuellement de 5%, passera à 8% le 1er avril.

Les exportations ont augmenté de 9,8% en février par rapport au même mois de 2013, contre une progression de 9,5% en janvier, selon des données publiées mercredi par le ministère des Finances.

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient une hausse de 12,4% des exportations.

"Au bout du compte, les exportations ne sont pas au beau fixe (...) Etant donné que les Etats-Unis ne vont pas croître de 4% à 5% par an et que la situation reste mitigée en Chine - deux éléments qui vont peser sur les économies asiatiques - on ne peut compter sur le scénario optimiste selon lequel les exportations vont compenser l'effet d'une hausse de la TVA", a déclaré Takeshi Minami, économiste en chef chez Norinchukin Research Institute.

KURODA CONFIANT POUR L'OBJECTIF D'UNE INFLATION À 2%

Takahide Kiuchi, membre du conseil de la Banque du Japon (BoJ), a de son côté déclaré que le rythme de croissance des exportations pourrait continuer à être en deçà des attentes et que la consommation des ménages pourrait faiblir.

Connu pour son appréciation plutôt pessimiste de l'économie, Takahide Kiuchi s'est dit préoccupé par l'impact d'une dynamique moins soutenue dans les pays émergents, notant également que les salaires n'allaient pas augmenter rapidement en raison du recours toujours important des entreprises au travail temporaire.

La semaine dernière, la BoJ a annoncé le maintien en l'état de sa politique de soutien à l'économie, jugeant que la reprise économique restait sur de bons rails, en dépit d'une détérioration de la santé du secteur des exportations.

Son gouverneur, Haruhiko Kuroda, s'exprimant après la publication des données en matière de commerce extérieur, s'est dit confiant dans la capacité de l'économie d'atteindre dans les temps une inflation de 2%, principal objectif de la politique monétaire ultra-accommodante mise en place par la BoJ depuis avril 2013.

Lors d'un discours à Tokyo, il a dit que l'économie japonaise devrait continuer de croître à un niveau supérieur à son potentiel, même après la hausse de la TVA du 1er avril.

Haruhiko Kuroda, qui voit l'économie japonaise être davantage tournée vers les services sur le moyen et long terme, a répété que la BoJ ajusterait sa politique si nécessaire lors de l'examen des risques pouvant mettre en péril son objectif d'inflation.

Les importations ont augmenté de 9,0% en février - contre un consensus de +7,4% - en raison d'une demande soutenue pour du gaz naturel liquéfié, des composants électroniques en provenance de Chine et des voitures allemandes.

Le déficit commercial est de ce fait ressorti à 800,3 milliards de yens (5,7 milliards d'euros) après le déficit record de 2.790 milliards de yens en janvier.

(Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Joanny)