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En quête de coalition, Angela Merkel lorgne vers le SPD

par Annika Breidthardt BERLIN (Reuters) - L'alliance CDU-CSU d'Angela Merkel semble se préparer à des négociations avec la gauche sociale-démocrate en vue de trouver un accord de coalition après son large succès lors des élections législatives en Allemagne. Le bloc conservateur a enregistré dimanche son meilleur résultat en plus de vingt ans avec 41,5% des voix et 311 élus au Bundestag mais il lui manque cinq sièges pour disposer de la majorité absolue à la chambre basse du Parlement. Les libéraux du FDP, alliés traditionnels des chrétiens-démocrates, n'ont pas réussi à franchir le seuil de 5% des suffrages indispensable pour disposer de députés. Certains poids lourds du centre droit ont exclu la possibilité de négocier avec les écologistes, réduisant les options à une entente avec le SPD. "Je ne discuterai pas avec les Verts. Point final", a ainsi déclaré Horst Seehofer, chef de file de l'Union chrétienne-sociale (CSU). "Je peux seulement dire que flirter avec les écologistes renforcerait immédiatement la droite", a-t-il ajouté cité par le magazine Der Spiegel. En excluant la possibilité d'une entente avec les "Grünen", Horst Seehofer traduit la crainte apparue dans son camp de voir certains électeurs déserter pour trouver refuge dans des formations situées plus à droite de l'échiquier politique comme l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Cette dernière, jouant sur l'euroscepticisme, est passée tout près de s'ouvrir les portes du Bundestag. Angela Merkel a indiqué lundi qu'elle avait déjà pris contact avec les dirigeants du SPD sans pour autant exclure des discussions avec d'autres formations afin d'assurer une majorité stable à son futur gouvernement. Centre droit et centre gauche s'étaient déjà associés entre 2005 et 2009 sous la houlette de la chancelière pour diriger le pays d'une manière assez efficace. "Le SPD est le plus important groupe parlementaire, donc nous nous tournons d'abord vers eux (pour des négociations de coalition)", a expliqué Volker Kauder, député CDU. "Compte tenu des déclarations pendant la campagne, c'est vers quoi va ma préférence", a-t-il ajouté. SCEPTICISME Les sociaux-démocrates, qui ont enregistré leur deuxième plus mauvais résultat dans une élection nationale depuis la Seconde Guerre mondiale, sont divisés sur la stratégie à suivre. La secrétaire générale du SPD, Andrea Nahles, a écarté mardi l'hypothèse ténue d'une coalition "rouge-rouge-verte" avec les écologistes et le parti de la gauche radicale Die Linke. Durant la campagne, le chef de file du SPD, Peer Steinbrück, avait rejeté la piste d'une coalition avec un parti issu du Parti communiste de l'ex-Allemagne de l'Est. Dans une interview publiée mardi par le quotidien Passauer Neuen Presse, Andrea Nahles est claire : "Il n'y aura pas de (coalition) 'rouge-rouge-verte' durant cette législature." Sur l'éventualité d'une "grande coalition" associant comme en 2005-2009 la CDU-CSU et le SPD, elle juge qu'une alliance n'a rien d'automatique. "Le scepticisme est très grand", dit-elle. La direction du SPD doit se réunir vendredi pour examiner cette piste, qui a la préférence des Allemands. Deux sur trois y sont favorables, selon des sondages d'opinion. Mais les sociaux-démocrates ont été particulièrement échaudés par leur expérience de coalition du premier gouvernement Merkel, qui s'était traduit par leur effondrement dans les urnes aux élections suivantes. En quatre ans, le SPD était passé d'un peu plus de 34% des voix à 23%, son plus mauvais score électoral de l'après-guerre. Henri-Pierre André et Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser