Le rapport russe sur la mort d'Arafat n'est pas concluant

RAMALLAH, Cisjordanie (Reuters) - Le rapport établi par la Russie sur la mort de Yasser Arafat fait état d'une insuffisance de preuves à l'appui de la thèse d'un empoisonnement au polonium du chef historique de l'OLP décédé en 2004 à l'hôpital militaire de Percy, près de Paris. Des prélèvements effectués sur le corps d'"Abou Amar" il y a un an par des experts légistes suisses, français et russes après la diffusion d'un documentaire de la chaîne de télévision qatarie Al Djazira avaient révélé un taux anormalement élevé de polonium 210 dans ses vêtements. "Les conclusions du rapport exhaustif sur les niveaux de polonium 210 et l'évolution de sa maladie n'apportent pas de preuves suffisantes pour étayer la thèse selon laquelle le polonium 210 a provoqué un syndrome de radiation aigu débouchant sur la mort", a déclaré le Dr Abdoullah Bachir en citant les conclusions de l'enquête russe. Mais cet enquêteur palestinien a ajouté que les rapports suisse et russe avaient conclu à la présence de "grandes quantités" de cet isotope radioactif dans le corps d'Arafat. Les conclusions des enquêteurs russes sont nettement plus prudentes que celles des experts suisses qui ont été publiées mercredi par Al Djazira sur son site internet. Pour les enquêteurs suisses, les éléments recueillis appuient l'hypothèse d'un empoisonnement au polonium et justifient une enquête judiciaire sans toutefois permettre de certitude. PAS MORT DE VIEILLESSE En France, les juges français chargés d'une enquête pour assassinat n'ont pas encore reçu le résultat des expertises effectuées par des légistes français après l'exhumation du corps, indiquait-on mercredi au parquet de Nanterre. Yasser Arafat est mort à l'âge de 75 ans après une courte et mystérieuse maladie le 11 novembre 2004 à l'hôpital de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), où il avait été transféré avec l'accord d'Israël après avoir été isolé par l'armée israélienne dans son QG de Ramallah. Aucune autopsie n'a été pratiquée à l'époque, à la demande de sa veuve, et les médecins français qui l'ont soigné se sont déclarés incapables de déterminer la cause du décès. Israël a réaffirmé jeudi n'avoir aucune responsabilité dans la mort de Yasser Arafat. Vendredi, le président de la commission formée par l'Autorité palestinienne sur la mort de leur chef, Taoufik Tiraoui, a mis en cause l'Etat hébreu. "Abou Amar n'est pas décédé de vieillesse, de maladie ou de mort naturelle. Nos efforts se poursuivent (...) pour découvrir qui se cache derrière sa mort et qui possède les moyens techniques et scientifiques pour cela", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Nous considérons Israël comme le premier et unique suspect dans l'assassinat de Yasser Arafat", a-t-il ajouté en qualifiant de "rumeurs" les spéculations avancées par certains Palestiniens voulant que le "raïs" ait été tué par des membres de son propre entourage. Noah Browning, Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser