Le président iranien Rohani prône la paix et critique Israël

Le nouveau président iranien, Hassan Rohani, assure que la République islamique ne cherche pas la guerre tout en critiquant sévèrement la politique d'Israël dans la région. Il accuse l'état hébreu "d'alimenter l'instabilité dans la région par sa politique belliciste". /Photo prise le 17 juin 2013/REUTERS/Fars News/Majid Hagdost

par Susan Heavey WASHINGTON (Reuters) - Le nouveau président iranien, Hassan Rohani, assure que la République islamique ne cherche pas la guerre tout en critiquant sévèrement la politique d'Israël dans la région. Dans la seconde partie diffusée jeudi d'une interview accordée à la chaîne de télévision américaine NBC, Hassan Rohani qualifie Israël "d'occupant, de gouvernement usurpateur qui apporte l'injustice aux peuples de la région". Sans appeler à la destruction de l'Etat juif, comme le faisait son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, il l'accuse "d'alimenter l'instabilité dans la région par sa politique belliciste". "Ce que nous souhaitons pour cette région, c'est qu'elle soit dirigée selon la volonté du peuple. Nous croyons au verdict des urnes. Nous ne recherchons pas la guerre avec un pays quelconque. Nous voulons la paix et l'amitié entre les nations de la région", ajoute-t-il. Mahmoud Ahmadinejad avait également estimé que l'Holocauste était un mythe. Son successeur n'a pas voulu répondre sur ce point, se contentant de dire que "ce qui importe pour l'Iran, c'est que les pays et les peuples de la région se rapprochent et empêchent toute agression et toute injustice." Dans la première partie de l'interview, diffusée mercredi, Hassan Rohani affirme que l'Iran, accusé par Israël et les Occidentaux de chercher à fabriquer la bombe atomique, ne développera jamais l'arme nucléaire. Il ajoute qu'il a "toute autorité" pour négocier un accord sur ce dossier avec les pays occidentaux. LA POSITION D'OBAMA N'A PAS CHANGÉ Israël a réagi jeudi à cette interview en jugeant qu'elle constituait une manoeuvre de l'Iran pour tromper la communauté internationale. "Personne ne doit se laisser berner par les paroles fallacieuses du président iranien", déclare le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué. "Les Iraniens tournent dans les médias afin que leurs centrifugeuses puissent continuer à tourner", ajoute-t-il. L'accession à la présidence de Rohani, présenté comme un religieux pragmatique, a ranimé les espoirs d'assister à un règlement du contentieux entourant le programme nucléaire de l'Iran depuis plus de dix ans. Ces derniers jours, le guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, à qui revient le dernier mot sur les affaires stratégiques, s'est lui-même dit partisan d'une certaine "souplesse" en matière diplomatique. L'interview d'Hassan Rohani constitue un nouveau signe de la volonté de Téhéran d'une relation plus apaisée avec les Etats-Unis, dont témoigne aussi un récent échange de lettres entre le président iranien et Barack Obama. La Maison blanche a déclaré jeudi que le président américain n'avait pas changé de position depuis son élection en 2008: il est prêt à des discussions directes entre l'Iran et les Etats-Unis si les Iraniens acceptent sincèrement de renoncer à tout programme d'armement nucléaire. Le Wall Street Journal rapporte jeudi que l'administration américaine prépare des entretiens à haut niveau avec des responsables iraniens à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine à New York et que la Maison blanche est "ouverte à un contact direct" entre Rohani et Obama. Aucune rencontre n'est pour l'heure prévue entre les deux présidents, a cependant rappelé jeudi Jay Carney, porte-parole du président américain. Un tel tête-à-tête serait sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979 et la rupture des liens diplomatiques entre Téhéran et Washington. Dans son interview à NBC, le président iranien paraît enfin soutenir un assouplissement de la censure sur internet en Iran. "Nous voulons que les gens, dans leur vie privée, soit totalement libres", dit-il. "Dans le monde d'aujourd'hui, l'accès à l'information, le droit à la liberté de parole et de pensée est un droit pour tous les peuples, y compris les Iraniens. Les gens doivent avoir un accès total à toute l'information mondiale", déclare-t-il. Dans le cadre de cet effort, le gouvernement iranien prévoit la mise en place d'une commission pour les droits des citoyens dans un proche avenir, ajoute Hassan Rohani. Avec Jeffrey Heller à Jérusalem, Steve Holland à Washington; Pascal Liétout, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey pour le service français