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Le négoce japonais réduit ses investissements et vend des actifs

Les grandes sociétés de négoce japonaises, aux prises avec d'importantes dépréciations d'actifs faisant suite au marasme du marché des matières premières, comptent accélérer leurs cessions d'actifs et réduire leurs dépenses d'investissement de près de neuf milliards d'euros sur trois ans. /Photo prise le 5 décembre 2014/REUTERS/Yuya Shino

par Yuka Obayashi

TOKYO (Reuters) - Les grandes sociétés de négoce japonaises, aux prises avec d'importantes dépréciations d'actifs faisant suite au marasme du marché des matières premières, comptent accélérer leurs cessions d'actifs et réduire leurs dépenses d'investissement de près de neuf milliards d'euros sur trois ans.

Connues sous le nom de "shosha" au Japon, les sociétés de négoce telles que Mitsubishi Corp et Mitsui & Co assurent une mission pratiquement d'intérêt public en gérant notamment la majeure partie des importations de matières premières, qui font défaut à l'archipel, pauvre en ressources naturelles.

Mais les acquisitions engagées lorsque le marché des matières premières était au beau fixe se sont traduites pour les cinq grandes sociétés de négoce -- il faut ajouter Marubeni, Itochu et Sumitomo -- par des pertes de 4,6 milliards d'euros sur l'exercice annuel clos le 31 mars dernier.

Ces sociétés expliquent désormais vouloir contenir leurs investissements dans les limites de leur cash-flow opérationnel, se séparer d'actifs non-performants pour améliorer leur rentabilité et vendre des activités non stratégiques afin de se recentrer.

"Nous avons perdu de notre crédibilité en subissant des pertes aussi lourdes", a déclaré le directeur financier de Sumitomo, Hiroyuki Inohara. Le groupe a annoncé une charge de dépréciation de 310 milliards de yens (2,3 milliards d'euros) liée surtout aux schistes américains et au minerai de fer, ce qui s'est traduit par sa première perte annuelle en 16 ans.

Sumitomo compte ramener ses investissements dans les ressources naturelles à 10% environ d'un budget d'investissement triennal de 1.200 milliards de yens, au lieu des 40% au cours des deux derniers exercices.

CERTAINS RISQUENT DE VENDRE AU MAUVAIS MOMENT

Marubeni, dont le bénéfice a chuté de moitié, réduit ses investissements pour maintenir un cash-flow positif, a dit son président, Fumiya Kokubu.

Les investissements des cinq grandes shosha seront réduits de quelque 20% dans les trois ans à venir par rapport aux trois années écoulées, exception faite d'Itochu, qui a beaucoup investi financièrement dans un rapprochement avec le conglomérat chinois CITIC et le thaïlandais Charoen Pokphand Group.

Cela représenterait l'équivalent de près de neuf milliards d'euros suivant des données de Thomson Reuters.

Les analystes voient toutefois un danger à ces opérations sur les actifs: celui de vendre au mauvais moment du cycle d'investissement.

"Au lieu de définir un budget d'investissement global tous les deux ou trois ans, mieux vaudrait définir où et combien investir ou désinvestir sur la base de leur propre analyse à long terme du cycle économique de chaque segment d'activité", explique Jiro Iokibe, analyste de Daiwa Securities.

En outre certains actifs, comme les projets de ressources naturelles, risquent d'être difficiles à vendre actuellement.

Sumitomo veut toujours revendre une partie de son projet pétrolier aux Etats-Unis. Sumitomo et Itochu ont également des actifs dans les houillères australiennes, mis en vente depuis juillet 2014.

Marubeni a des actifs à vendre dans l'électricité, l'immobilier et la finance mais pas dans les matières premières. "Nous nous demandons s'il est bien avisé de vendre des actifs de ressources naturelles dans les conditions actuelles", a dit son président, Fumiya Kokubu.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)